Maintenant, on entendait le chant des Bougeurs. Cette mélopée entêtante, cette plainte qui donnait envie de les rejoindre si on n'y prenait pas garde, si on ne résistait pas. Ces gémissements étaient une invitation, surtout pour les Lassés, à venir avec eux dans le monde des Entre-Deux, là où tout était simple, où on n'avait plus à se préoccuper de survivre puisqu'on ne pensait plus à rien, sinon à se nourrir de ce qui était encore vivant : des chiens, des bêtes sauvages, mais surtout, surtout, des êtres humains. (p.15)