Vincent observa le ciel, laissant les flocons s’échouer contre son visage. Les nuages, d’un blanc laiteux, saupoudraient la campagne avec prudence et retenue. Le jeune garçon savait que plus tard, à la nuit tombée, le vent et la neige engendreraient des bourrasques d’hiver tumultueuses qui recouvriraient les toits de Montmorts, ainsi que les champs avoisinants, d’un duvet solide et rigide. Il ne leur restait que quelques heures, deux ou trois au maximum, pour mettre les bêtes à l’abri. À travers le brouillard qui s’élevait du sol, confondant terre et ciel, il chercha Jean-Louis du regard. Sa silhouette spectrale apparut non loin de l’enclos. Vincent comprit que son comparse s’ébrouait déjà à diriger les moutons vers l’étable et courba les épaules pour le rejoindre.