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Citation de Amaranth


L’histoire familiale de Monsieur M. est assez complexe. Il a un frère, de trois ans son cadet. Il dit avoir reçu une éducation catholique très rigide. Son père était ouvrier dans une usine, sa mère femme au foyer.
La mère de Monsieur M., Héléna, est d’origine polonaise. Son père a quitté son épouse et son pays (la Pologne) pour venir s’installer en France avec sa maîtresse, enceinte (portant la mère de Monsieur M.), qu’il épousera alors qu’il est encore marié en Pologne, devenant ainsi bigame. La mère d’Héléna décède alors que cette dernière est âgée de 11ans. Son père se remariera quatre à cinq fois illégalement, et aura vingt-trois enfants en tout.
Monsieur M. ne connaîtra jamais son grand-père (même de son vivant). Il précise que sa mère ne porte pas le nom qu’elle devrait porter, et que la date de naissance qui figure sur ses papiers d’identité est fausse.
Il décrit Héléna comme une femme hystérique, désirant toujours attirer l’attention sur elle (notamment par le biais de son corps et de ses maladies, se plaignant sans cesse et n’hésitant pas à montrer de façon quasi obscène ses nombreuses cicatrices). Monsieur M. lui rend visite de temps en temps (elle vit seule depuis le décès de son mari), plus pour se donner bonne conscience que par plaisir. En fait, selon ses dires, il ne la supporte plus, a le sentiment de lui servir de psychothérapeute et trouve cette relation « trop polluante » pour lui.
Monsieur M. décrit son père comme un homme assez fruste, qui a toujours fui les états d’âme de sa femme. Le patient souligne que ses parents se sont progressivement isolés, « coupant petit à petit tous les ponts avec les autres membres de la famille ».
L’épouse de Monsieur M., Annie, a été adoptée, bébé, par deux femmes célibataires. On lui a toujours dit que sa mère était morte en couches et son père décédé en héros en Alsace, pendant la guerre. En réalité, il n’en était rien. Elle a appris son vrai nom patronymique par hasard, en parcourant un registre d’état civil. Monsieur M. a alors voulu lever, pour sa femme, le secret de ses origines. Il évoque une véri- table escroquerie : en fait, la mère de son épouse, ayant « fauté », s’est retrouvée enceinte et a développé, dans les suites de l’accouchement, une péritonite. Alors qu’elle était au plus mal, on lui aurait fait signer un certificat attestant l’abandon du bébé – Annie – et permettant son adoption. La mère adoptive travaillait alors au service d’hygiène, l’équi- valent de la DDASS actuelle...
Grâce à son mari, Madame M. a pu retrouver sa mère biologique il y a vingt ans, et faire la connaissance de ses six frères et sœurs. C’était selon Monsieur M. « une femme de petit niveau », très déprimée, tra- vaillant comme femme de ménage dans une clinique psychiatrique. Son seul sujet de discussion semblait être ses diverses maladies, et Annie a rompu la relation après trois ou quatre rencontres. Elle est décédée en novembre 2000, emportant avec elle le secret des origines paternelles de Madame M., qu’elle n’a jamais voulu révéler. Annie choisira de ne pas aller aux obsèques.
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