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Citation de Madame_lit


Edimbourg

18 juin 1940

Oh, ma Margareth,

Jamais ne pourrai poster cette lettre. Elle finira dans l’âtre dès que j’aurai couché ces mots sur le papier. Si tu savais combien j’ai le cœur déchiré à la vue de ton billet sur la table au milieu des miettes de l’assiette de gâteaux vide. Si tu savais ce que l’on éprouve en courant retrouver brièvement quelqu’un, et comment, l’espace d’un instant, le monde cesse de tourner lorsqu’on tient cette personne dans ses bras, et comment il recommence ensuite, si vite qu’on tombe à la renverse, pris de vertige. Si tu savais combien chaque bonjour peut être plus douloureux que mille au revoir. Si tu savais.

Mais tu ignores tout ça. Je ne te l’ai jamais dit. Tu ne me caches rien, alors que je garde une partie de moi enfermée à double tour, depuis toujours. Une partie de moi qui s’est mise à gratter le mur de sa prison au moment où cette nouvelle guerre a débuté, et qui a hurlé pour sortir de là lorsque tu as couru rejoindre ton soldat.

J’aurais dû te le dire, j’aurais dû t’apprendre à endurcir ton cœur. Une lettre n’est pas toujours qu’une simple lettre. Des mots sur une page peuvent submerger ton âme. Si tu savais.

Mère (p.21)
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