Letters from Skye by Jessica Brockmole
J'ai ramassé chacun de tes mots comme autant de pierres précieuses, et je les sertirai tous ensemble durant mes soirées en solitaire sur l'île de Skye.
Je me couche tôt pour cesser de ruminer et chasser la solitude, mais je n'arrive pas à fermer l'oeil. Je l'avoue, j'ai ressorti et relu toutes vos lettres, ce qui fait que je m'endors parfois enveloppée dans vos mots.
Je suis fatiguée. J'ai l'impression d'avoir passé la moitié de ma vie à attendre et je ne sais pas combien de temps encore je tiendrai. C'est épuisant.
Il n'y a aucune poésie dans ma vie sans toi. Tu es ma muse; Avant de te connaître, j'écrivais avec ma plume, et mes lecteurs adoraient ça. Cela signifiait quelque chose pour eux. Mais après t'avoir rencontré, j'ai écrit avec mon âme, et moi, j'ai adoré ça. Cela signifiait tout pour moi.
Edimbourg
18 juin 1940
Oh, ma Margareth,
Jamais ne pourrai poster cette lettre. Elle finira dans l’âtre dès que j’aurai couché ces mots sur le papier. Si tu savais combien j’ai le cœur déchiré à la vue de ton billet sur la table au milieu des miettes de l’assiette de gâteaux vide. Si tu savais ce que l’on éprouve en courant retrouver brièvement quelqu’un, et comment, l’espace d’un instant, le monde cesse de tourner lorsqu’on tient cette personne dans ses bras, et comment il recommence ensuite, si vite qu’on tombe à la renverse, pris de vertige. Si tu savais combien chaque bonjour peut être plus douloureux que mille au revoir. Si tu savais.
Mais tu ignores tout ça. Je ne te l’ai jamais dit. Tu ne me caches rien, alors que je garde une partie de moi enfermée à double tour, depuis toujours. Une partie de moi qui s’est mise à gratter le mur de sa prison au moment où cette nouvelle guerre a débuté, et qui a hurlé pour sortir de là lorsque tu as couru rejoindre ton soldat.
J’aurais dû te le dire, j’aurais dû t’apprendre à endurcir ton cœur. Une lettre n’est pas toujours qu’une simple lettre. Des mots sur une page peuvent submerger ton âme. Si tu savais.
Mère (p.21)
Ne t'effondre pas, même un instant. Tu ne mesures pas quelle force ardente il y a en toi. Tu n'es pas faite pour le deuil. Tu es faite pour vivre et pour aimer. Tant que tu vivras, tu lui rendras hommage. Tant que tu l'aimeras, tu lui rendras hommage. Garde ça en tête, Sue.
Et rappelle-toi,"je suis là", à seulement une enveloppe de toi.
Il est bon de réfléchir. C'est ce qui sépare les êtres humains des cafards.
A en juger par les lèvres pincées et les yeux plissés de grand-mère, j'ai compris qu'il était la grande déception de la famille. Célibataire, fruste, et toujours incrusté chez elle.
Evie m'a cousu un très beau marque-page sur lequel est inscrit : " Un livre est comme un jardin que l'on promène dans sa poche "
"Enfants, ils étaient les rêveurs de la famille, tous deux incapables de se satisfaire d'une vie dans une petite ferme. Tous deux assoiffés de connaissances - ils lisaient et relisaient tout ce qui leur tombait sous la main. Tous deux les yeux rivés sur l'horizon, comme s'ils cherchaient un moyen de le toucher.
Et tous deux assurés de perdre leur cœur à jamais quand ils le donnaient."