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Citation de Ledraveur


Préface

Les Limites de la pensée

... De même, nous pouvons prendre conscience des structures et des fonctions réelles de notre processus de pensée, et pas seulement de son contenu.
Comment cette prise de conscience s’effectue-t-elle ? Krishnamurti explique que cela suppose une démarche qu’il nomme « méditation ». Ce terme s’est vu attribuer un large éventail de sens aussi divers que contradictoires, couvrant le plus souvent des formes assez superficielles de mysticisme. Or, lorsqu’il l'emploie, c’est une notion très claire et très précise que Krishnamurti a en tête. On peut s’en faire une idée en examinant les sens dérivés du mot « méditation ». (La racine des mots, si on la rapproche de l’acception généralement admise aujourd’hui, ouvre d’étonnantes perspectives sur des sens plus profonds.) Méditation vient de la racine latine med, c'est-à-dire mesurer. Le sens actuel est « réfléchir », « peser », « soupeser » et aussi « prêter attention à ». De même, le terme dhyana, qui désigne en sanscrit la méditation, est proche de dhyati, qui veut dire réfléchir, refléter. Tout bien considéré, méditer signifierait donc « peser les choses, réfléchir, tout en prêtant une attention soutenue à ce qui se passe réellement tandis qu’on se livre à cette activité ».
Voilà sans doute ce qu’est le commencement de la méditation selon Krishnamurti. Autrement dit, cela suppose que l’on soit extrêmement attentif à tout ce qui est lié à l’activité réelle de la pensée, qui est la source sous-jacente du désordre général. Cette observation exclut toute notion de choix, de critique, d’acceptation ou de rejet face à ce qui se passe. Et elle se double d’une réflexion à propos du sens de ce que nous apprenons sur l’activité de la pensée. (On pourrait comparer cela à la lecture d’un livre dont les pages auraient été mélangées : mieux vaut prendre acte de ce désordre plutôt que d’accepter cette pagination incongrue et de vouloir que ce contenu décousu « fasse sens ».)
Krishnamurti a constaté que l’acte même de méditer remettait automatiquement de l’ordre dans l’activité de la pensée, et ce, sans intervention d’un vouloir, d’un choix, d’une décision ou de toute tout autre action de la part du « penseur ».
(p. 12)

David J. Bohm
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