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Citations de Jil Silberstein (8)


Parfaitement : mais ces spectres à propos desquels, aujourd'hui encore, trop de Roumains exaspérés de se voir rappeler les méfaits de l'ère fasciste (commémorations du pogrome de Iași, demandes de recouvrement de biens « roumanisés », nouvelles publications sur « l'holocauste roumain », etc.) déclarent volontiers : « Et ce qu'ils nous ont fait subir, une fois entrés au parti communiste ? Et la manière dont ils se sont vengés de nous après la guerre ? Allez-vous parler d'Ana Pauker, Joseph Kichinevski et autres ? ! »
La réplique vaut d'être relevée. En premier lieu, elle offre l'occasion d'une mise au point relative aux différentes formes de rapports qui se firent jour, avant et juste après la Seconde Guerre mondiale, entre le PCR [le parti communiste roumain] et les Israélites. Lesquels rapports, s'ils devaient en effet impliquer, entre 1944 et 1950, la présence d'une proportion signifiante de Juifs parmi les cadres du parti, s'ils devaient également s'assortir de cas de bestialité tel celui incarné par Boris Grünberg (dit Alexandru Nicolschi), cet officier juif soviétique devenu « inquisiteur en chef » de la Securitate, s'avérèrent au total très loin –c'est là le moins que l'on puisse dire !–d'avoir servi les intérêts de la communauté israélite.
(p. 580)
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Moldavie ! Terre de douces collines.
(p. 134)
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Parti de Iași un 23 mai, j'y retournai un mois plus tard–n'ayant, dans l'intervalle, pas ménagé ma peine. Entre la poursuite des lectures que je jugeais indispensables, les appels aux amis et maintes tentatives d'établir de nouveaux contacts, les semaines eurent tôt fait de filer. À Bucarest, Dieu merci, on s'était mis en quatre pour m'assister. Suite à l'intercession de Dan Berindei, vice-président de l'Académie roumaine, trois professeurs d'histoire de l'université Alexandru Ioan Cuza, de Iași, se dirent prêts à faire ma connaissance. Quant à Ana Blandiana, poétesse, présidente de la Fondation de l'académie civique et inlassable animatrice du mémorial Sighet, elle m'offrit d'approcher un confrère écrivain qui, sous peu, m'ouvrirait d'éclairantes perspectives sur le climat intellectuel régnant en ville dans le troisième quart du XIXe siècle.
Folles journées qui me virent zigzaguer d'un coin à l'autre de la vie, entre la commémoration des soixante-dix ans du pogrom, les assises d'un colloque international consacré aux journées meurtrières des 28 et 30 juin 1941 et les rencontres desquelles risquait fort de dépendre la suite de mon entreprise ! Comment en rendre compte ? Pas facile –quand bien même, c'est vrai, relativement au colloque, à défaut de comprendre le roumain, mes stations au Centre d'histoire des Juifs et d'études hébraïques me laissent davantage d'impressions que de souvenirs précis. Hormis, bien sûr, le vif plaisir d'y avoir retrouvé Felicia Waldman, celui d'avoir pu faire la connaissance du professeur Carol Iancu, auteur du magistral essai intitulé "Les Juifs en Roumanie (1866–1919)", et l'intense émotion que nous valut à tous l'exposé d'Avinoam Safran, le fils d'Alexandre Safran, cet érudit issu d'une illustre lignée rabbinique, que le sort désigna pour devenir –le 4 février 1940, à seulement vingt-neuf ans– grand rabbin de Roumanie, et dont l'inouïe détermination face au "Conducător" Antonescu arracha à une mort programmée un nombre considérable de coreligionnaires.
(p. 58–59)
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La suprême Simplicité a beau se diviser, le rituel lui conserve quelque temps son caractère sacré. Ensuite ? Les hommes cessent de se souvenir d'où tout procède. D'où tout provient. Des totems et objets rituels, on passe aux « ustensiles investis », puis à l'artisanat et, pour finir, à la reproduction fonctionnelle — en série.
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"Rien qui ne confère au sous-bois une apparence d sanctuaire. Troncs effondrés. Bris de branches au sol. Tapis de feuilles roussies et détrempées. Arbustes arcboutés sous le poids de la neige. Odeur de décomposition."
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"Folle volée d'oies sauvages lancées en direction du sud, que tu retrouves jusqu'à l'extase..."
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"Divaguions-nous? Ou bien : d'où sourdaient-ils, ces accents propres à faire rebondir l'espérance ? D'où nous parvenaient-ils, posant que le séjour sur terre constituait le ferment d'une aventure - voire d'une geste - plutôt que ce gâchis que nous mesurions autour de nous ?"
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Sortilèges de la Bucovine:

En attendant, chemin faisant, je connus le plaisir de guetter par la vitre les mille indices d'un monde rural encore peu perturbé par le grand souffle de la modernisation, trop souvent synonyme d'uniformisation.
Sur la route, on croisait des carrioles en grand nombre, faisant songer à des cercueils bravement tirés par un deux chevaux à pompons rouges et dans lesquels s'entassaient pommes de terre, maïs, bois de chauffage, pommes à cuire ou groupes de paysannes vêtues de couleurs vives. Ici et là: des troupeaux de moutons, de vaches ou de chèvres paissant paisiblement. Des terres lourdes, fraîchement labourées. Des choux géants. Des tas de courges resplendissantes. Mille et un meules transpercées de perches, au foin déjà bruni. Des champs de tournesols aux têtes inclinées, ou de maïs aux feuilles jaunies, desséchées. Passait-on un village ? C'était pour y surprendre des palissades, des maisonnettes peintes en orange, framboise, turquoise, jaune, vert acide, lilas, rose, violet ou bleu de marine, aux toits parfois recouverts de bardeaux et dont les avant-toits, plus rarement, s'ornaient de motifs merveilleux - oiseaux, cerfs ou fleurs- puisés dans le folklore d'autrefois. Et devant ces maisons flanqués de treilles d'où pendaient les grappes de raisins capiteux: trois vieilles conversant; une troupe de dindons gesticulant; un chien qui bâille; un autre qui traverse nonchalamment la route.
Enfin, quittant les terres besognées, bichonnées, prêtes à accueillir une nouvelle gestation: les collines boisées de Bucovine, parées des couleurs automnales et exhalant une envoûtante senteur de champignon."p382-382,
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