Le docteur Murphy mangeait toujours avec ses patients, ceux, du moins, qui pouvaient venir jusqu’à la salle à manger. C’était une habitude souvent assommante, une épreuve pour les nerfs et une grosse perte de temps. Mais il y voyait une nécessité qui valait cet effort. On pouvait découvrir beaucoup de choses sur l’état d’un malade suivant qu’il avait bon ou mauvais appétit, ou simplement en le regardant manger. Et puis, en prenant ses repas avec eux, il mettait un frein à la suspicion maladive des alcooliques : non, il ne les méprisait pas et n’était pas mieux servi qu’eux.