Ceci est une critique (j'ai cliqué en vain sur l'onglet critique qui se refuse ... )
Roman dérangeant, il me semble qu'il est d'abord l'histoire d'un amour invraisemblable et crochu, rendu caduque par toutes sortes de circonstances. Malgré la crudité de certains passages, jamais l'auteur ne tombe dans le vulgaire. Son héroine est une jeune femme aux abois, tant au niveau financier et légal que au niveau affectif. Elle parle de la difficulté d'être une femme, du refus de la misère, de la soif du confort et du bonheur souvent confondus en une apre course à la réussite sociale, dut-elle passer par prostitution et amertume. C'est un sublime portrait de femme que Jiu Dan dresse ici, femme blessée, déchirée, dont les sursauts manipulateurs face à ses rêves brisés ne font que révéler une grandeur d'âme déchue mais vivace et sauvagement intègre à sa façon. Derrière ce portrait se profile aussi le miroir aux alouettes que représentent les brillants du monde capitaliste pour les immigrants pauvres, et la façon dont y réagit l'héroine de Jiu Dan est cruellement complexe. Jiu Dan fait preuve d'un grand talent de narration qui a failli me faire déplorer le trop grand nombre de rebondissements dans les relations entre les protagonistes... Lecture néanmoins captivante !!!
Singapour ne connait pas d'hiver mais, comme d'autres régions, une saison de crachin propice aux moisissures, celle des prunes jaunes, pluies qui tombent goutte à goutte, telles d'innombrables bouches qui chuchotent, comme la sienne chuchotait ce jour-là. Debout au bord de la mer, elle marchait lentement en parlant d'une voix qui tremblait légèrement, tel un ruban pris dans les fils de la pluie.