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Citation de joellebooks


La fête est déclarée. Tout est organisé. Dans trois semaines, je serai mariée. Dans trois semaines, je serai morte. Une bombe a éclaté et mon avenir est en ruine. Un drame a eu lieu et personne ne s'en soucie. Ce que j'éprouve n'a aucune importance. Pour eux, je ne suis qu'un corps. "Un cadeau du ciel", comme le dit Grandmama. Un diamant étincelant qu'on enferme dans un écrin de pacotille et qu'on garde jalousement en attendant la vente, la transaction, l'échange ; ce que les miens nomment le mariage.
Dans l'obscurité de la maison où je demeure choquée-inanimée-pétrifiée depuis trois jours, peu à peu j'y vois clair et la colère remplace la tristesse. On m'a trompée. On m'a menti et j'en veux terriblement à ma mère de m'avoir laissée croire que mon avenir dépendait de moi, de mon travail, de mes compétences. En réalité, le clan de la famille, il n'y a que cela qui compte chez nous. Un clan qui maîtrise tout et surtout le corps des filles, la parole des filles et toutes leurs libertés. Ils sont là, tapis derrière la porte à me surveiller. Les cousins, les oncles, les femmes aussi. "Une affaire de respect et de dignité", disent-ils. Chez nous, il faut montrer aux voisins comment on sait tenir les filles, les éduquer dans la crainte des hommes, contrôler leur intimité et les préparer dès la naissance à la soumission aux pères, aux frères et aux maris. Et tout cela bien sûr comme si nous, les filles, étions d'accord, partantes et heureuses de cette monstrueuse destinée.
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