Avec Mentine, c’est d’abord l’envie de parler de curiosité intellectuelle, de la joie d’apprendre, du plaisir de lire. Pour passer de nombreuses heures en collèges et lycées, en observant et discutant avec les jeunes, je sais combien l’intelligence n’a pas bonne presse. Pour certains, aller au CDI relève de courage et dire qu’on adore le latin… là c’est héroïque. Cela m’inquiète. En tant que femme, citoyenne, auteure, mère aussi. Il est temps de redonner une place privilégiée aux intellos ! Jamais on ne remettrait en cause le succès d’un sportif de haut niveau, alors pourquoi dévaloriser les grosses têtes, les bosseurs ? Mentine est née de ce constat. J’aime utiliser l’humour et la légèreté pour parler de sujets très sérieux. Quant à son hyper sensibilité, c’est presque autobiographique et c’est je le crois ce qui m’a fait écrire.
Mon héroïne est hyper connectée, car nous le sommes tous aujourd’hui. Et les adultes sont parfois plus accrochés à leur portable que les jeunes ! Je ne dénonce pas les réseaux sociaux, je m’interroge simplement sur la place que nous laissons à la rêverie, au doute, à la réflexion, à l’imagination qui ne peuvent se réaliser que dans la solitude. Savoir décrocher, cela s’apprend. Privée de réseau, est plus une invitation à la prise de conscience du temps que nous passons sur nos machines, qu’un jugement. Les outils existent, à nous de savoir garder le contrôle sur elles et de transmettre cette nécessité aux jeunes.
Oui, Mentine est punie. C’est même la base de la série. Comment punir ? Le faut-il ? Qu’est-ce qu’une punition juste ? Et cette question dans le roman est posée des deux points de vue : parents et ados. C’est à la suite d’un débat avec des collégiens que j’ai eu cette envie de traiter ce sujet. Un jeune dénonçait le comportement laxiste de ses parents. Le monde à l’envers ! Je lui avais alors demandé : — tu voudrais que tes parents te punissent davantage ? Et le jeune m’avait répondu : — oui, quand je dépasse les bornes. Et quand ils me punissent, il faudrait qu’ils aillent au bout de leur punition, sinon, c’est nul. Privé d’ordi pour un mois, et je récupère mon ordi trois jours plus tard ! Ça ne sert à rien !
J’ai aimé son point de vue. En tant que mère, c’est compliqué d’être juste et surtout de tenir la privation, la punition. On a tendance à lâcher un peu vite. Ça embête tout le monde une punition, ça bouleverse nos rythmes de vie hyper organisée. Les parents de Mentine cherchent des solutions, leurs punitions sont parfois excessives, ils sont maladroits, ils expérimentent, bref, ils sont comme tous les parents... en perpétuel apprentissage !
Mentine atterrit en pleine nature. Cela m’amusait de plonger une petite urbaine hyper connectée face à un vieux berger bourru. N’y voyez aucun message curatif ! Plonger l’action dans le Larzac est un prétexte à une rencontre, pas une solution éducative, et c’est aussi un petit clin d’œil que je fais à l’ancienne Parisienne (un peu prétentieuse) que j’étais et qui vit désormais en région, et qui y vit très bien !
Oui, il suffit d’allumer la télévision pour s’en rendre compte. Même la radio. Il faut rire, toujours et encore, de tout, sur tout avec n’importe qui ou au contraire s’effondrer collectivement. Le drame ou le rire et toujours la facilité. Nous sommes toujours dans l’affect, si peu dans la réflexion, la distance, l’élégance des rapports humains. On ne reçoit pas un prix Nobel de littérature ou de sciences comme un participant de télé-réalité. J’aimerai que le savoir soit valorisé au même titre que l’engagement, la pugnacité, ou la vraie fantaisie. Tout me semble tiède et tiré vers le bas, alors que des gamins sont hyper brillants, curieux, on les freine ! J’aimerais voir autant de salles de répétitions de théâtre, de musique, de lieux dédiés aux ateliers d’arts ou de sciences dans les villages que de stades de foots ou de terrain de pétanque ! Même si j’aime la pétanque !
Oui, on est tous le « plouc », « le ringard », le non-initié de quelqu’un. Et pour répondre à votre question, oui, évidemment qu’il faut se mélanger. Hommes, femmes, enfants, ados, personnes âgées, personnes souffrant d’un handicap, malades, religieux, agnostiques, pauvres, riches… J’arrête là. Mais où ? Quand ? Comment ? Il ne faut pas attendre des décisions politiques, des créations de nouveaux lieux de vie, il faut juste refuser de se faire enfermer dans des boîtes (commerciales souvent, nous sommes des cibles). J’adore les rencontres en bibliothèque par exemple avec les adultes et les adolescents, voire les grands-parents. C’est rare, mais que c’est bon et pour tout le monde en général ! J’aime quand les adultes s’invitent en littérature jeunesse et qu’ils y prennent du plaisir. J’aime quand toute la famille a lu mon roman ! Et c’est d’ailleurs souvent le cas avec Mentine.
Si, je fais partie de la jeunesse, même du haut de mes 47 ans ! Mes héros ont entre 10 et 17 ans, ce n’est pas une obligation, c’est ce qui m’anime, cette jeunesse en nous adulte, cet état excessif, à fleur de peau, cette envie de tout changer, ou de tout bousiller, cette incroyable envie de vivre en frissonnant. Je suis une adolescente de cœur, c’est pourquoi je suis publiée en jeunesse. Ce n’est pas un effort, ni une volonté, c’est mon souffle.
Oui. Mentine, Tome 2 : Cette fois c`est l`internat ! et Mentine 3 se prépare pour mars. Accrochez-vous, car cette fois, elle ne dépassera pas les limites des parents, elle les fera éclater en morceaux ! J’en profite pour préciser que je suis ravie des couvertures et dessins de chapitres de Margaux Mottin. Elle a tout de suite très bien
adulte, cet état excessif, à fleur de peau, cette envie de tout changer, ou de tout bousiller, cette incroyable envie de vivre en frissonnant. Je suis une adolescente de cœur, c’est pourquoi je suis publiée en jeunesse. Ce n’est pas un effort, ni une volonté, c’est mon souffle.
« Cet épisode a été enregistré avec des adolescents hospitalisés au centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) situé à Bobigny à l'automne-hiver 2023. le livre lu dans cet épisode est « J'entends des pas derrière moi » de Jo Witek paru aux éditions Nathan. Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage. Remerciements au docteur Taïeb, responsable du Centre de Jour pour Adolescents « L'entracte » intégré au service de Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, de Psychiatrie générale et d'Addictologie à l'hôpital Avicenne, à Michèle Sawaya, psychologue, Nancy Andrieu, éducatrice spécialisée, Marc Colaciuri, psychologue, Mohammad Mouma, infirmier, Marie-Lucie Guyard, psychomotricienne, ainsi qu'à Quentin Bardou, comédien. *** Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre. Cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les enfants, adolescents et adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi invités à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur. Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine). le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024. A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les enfants, adolescents et adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de trois à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail. Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un réalisateur et technicien du spectacle. Ce podcast, d'une vingtaine de minute, est ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP. » Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux : Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr Facebook : Centre national du livre Twitter : @LeCNL Instagram : le_cnl Linkedin : Centre national du livre
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