"Mise hors circuit de la pensée", "paralysie de la suggestion", création d'un "état réceptif de dévouement fanatique" : ces conditionnements affectifs et grégaires étaient la mise en scène préparatoire ; le discours lui-même n'avait pas d'autre but, tout y contribuait : style, argumentation, gradations calculées, modulation de la voix, ainsi que les gestes d'emphase, de menace ou de conjuration soigneusement préparés. "La masse est comme une bête, elle obéit à des instincts", assurait le futur maître du Reich. En vertu de ce principe, il demandait une pensée rudimentaire, des phrases simples, des slogans, des répétitions constantes ; il ne fallait viser qu'un adversaire à la fois, employer des formules apodictiques, refuser volontairement de donner des "raisons" ou de "réfuter d'autres opinions" : c'était là, selon Hitler, "une tactique fondée sur l'évaluation exacte de toutes les faiblesses humaines, et dont le résultat doit conduire presque mathématiquement au succès."