J'ai fait beaucoup de trajets de ce genre au fil des ans. Ces trajets où vous roulez en silence sur cette ample portion de territoire qu'aucune station de radio n'atteint. En silence, parce que ça fait déjà des heures que vous roulez et que vous avez déjà raconté tout ce que vous aviez à raconter au moins une fois. Pas de musique, pas de conversation. Vous fixez la route devant vous dans une sorte de transe jusqu'à ce que votre passager tende le doigt vers sa fenêtre en s'exclamant d'un air authentiquement enthousiaste: "Oh, là-bas, un arbre!"