John Jefferson Selve

Premier roman de John Jefferson Selve, qui a auparavant oeuvré dans les revues (feue) Edwarda et Possession immédiate, et dont c'est ici la première oeuvre fictionnelle format long. Enfin long... c'est une façon de parler puisque Meta Carpenter court sur une petite centaine de pages tout juste (mais vendue 17€50 tout de même). Le propos en soi était intrigant par son modernité et son actualité. A l'heure où la pandémie et les confinements ont amené énormément de jeunes femmes (quelques jeunes hommes aussi) à devenir camgirls/boys ou créer des pages Only Fans pour s'occuper et arrondir leurs fins de mois, l'idée d'en suivre une par le biais romanesque avait de quoi séduire. Quelle piste allait emprunter JJS ? L'anticipation ? Le portrait intime ? La critique des digital native ? Le fantasme onirique ? En refermant ce livre, on n'a hélas pas vraiment compris où l'auteur voulait en venir. Victime du syndrome "je parle d'un sujet trivial mais sur un ton exagérément lyrique" (à l'image de Yannick Haenel, cité dans les remerciements) il étire à l'infini un postulat qui aurait tenu en une nouvelle. Histoire de montrer que son héroïne n'est pas une écervelée, il lui fait lire du Faulkner quand elle est en ligne (c'est de là que vient son pseudo, Meta Carpenter ayant été un amour de l'auteur américain) et veut en faire une icône vengeresse ("ce n'est pas moi qui ait besoin de mes abonnés, c'est eux qui ont besoin de moi"). Se rajoute à ce narratif, l'histoire de Corsaire-Satan l'un de ses abonnés qui lui raconte son histoire d'orphelin élevé par la DDASS, et philosophe interminablement sur l'image, les femmes et le monde déliquescent. Il faut vraiment s'accrocher pour comprendre ce texte où l'auteur passe son temps à se regarder écrire, à défaut d'avoir quelque chose de substantiel à raconter sur son sujet. Sur le sujet (bien que d'une tout autre temporalité puisqu'il se passe à l'époque du minitel), on peut relire Alice au pays des femelles de Karin Bernfeld, toujours d'une actualité mordante et dont l'empreinte se révèle plus durable pour le lecteur.

Premier roman de John Jefferson Selve, fondateur de la riche revue artistique Possession Immédiate, Meta Carpenter s’impose comme un triple récit, lyrique et métaphysique. Récit d’une grande fuite en avant, celle d’un être sans tête, que trois êtres Meta, Corsaire-Satan et Hafsia constituent.




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Premier roman visionnaire, pictural de John Jefferson Selve,

Meta Carpenter est à l’extrême pointe du contemporain tout en s’enracinant très loin. Fulgurant, comme le dit Damien Aubel du magazine Transfuge



Meta Carpenter plonge dans le combat des femmes, de la camgirl aux mères pour nous livrer un livre poétique, puissant, nerveux, et incroyablement féministe. À découvrir absolument !