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Critiques de John Lewis Gaddis (5)
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La guerre froide

Sorti en 2005 aux Etats-Unis, cet ouvrage vient d'être traduit et publié en français (février 2019).

Ce n'est peut-être qu'un détail, mais j'ai envie de commencer par là : l'objet livre est vraiment très soigné (surtout le relief de la couverture) !

Revenons sur le sujet du livre : il s'agit de la plus grande synthèse sur la guerre froide écrite par un Américain. Elle est accessible au grand public tout en conservant sa scientificité. Comme l'auteur le rappelle dans sa préface, "il ne s'agit pas d'un ouvrage d'érudition". Pour la génération qui n'a pas vécu la guerre froide, c'est une bonne entrée en matière.

Le livre est accompagné d'illustrations : des photographies et des cartes qui permettent de mieux situer l'action.

Bref, une lecture intéressante !

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La guerre froide

Cet ouvrage, publié aux États-Unis en 2005 et disponible en français depuis 2019 grâce aux Belles Lettres et à une traduction de John E. Jackson, constitue une excellente synthèse de cette période appelée guerre froide qui a caractérisé les relations internationales de 1947 à 1991. Elle vit les deux superpuissances vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’Union soviétique, s’opposer sur les plans idéologique, politique, militaire, économique et culturel sans toutefois jamais basculer vers l’affrontement direct et la confrontation atomique. Il n’en reste pas moins que de nombreux conflits périphériques sanglants, opposant indirectement Américains et Soviétiques via leurs alliés respectifs, ont vu le jour tout au long de la période. La seule exception, que rappelle fort justement l’auteur, a eu lieu pendant la guerre de Corée (1950-1953) lors de laquelle des pilotes de chasse américains ont été ponctuellement mais directement confrontés à leurs homologues soviétiques. Ce fut la seule et unique fois et le fait a volontairement été caché par les deux Grands. Atypique dans sa configuration, la guerre froide, opposition d’un genre nouveau fondée sur l’incompatibilité de deux modèles, engendra pendant presque un demi-siècle un équilibre précaire que Raymond Aron qualifia, dès 1948, d’une formule lumineuse « paix impossible, guerre improbable ».



L’ouvrage de John Lewis Gaddis, professeur d’histoire militaire et navale à l’Université de Yale, est intéressant à plusieurs titres :

> il permet tout d’abord au lecteur d’intérioriser les fondamentaux de la guerre froide, d’en assimiler les « règles » et de (re)découvrir sa chronologie faite de crises paroxystiques et d’épisodes de détente. C’était une époque où les mots d’internet, de mondialisation, de transparence, d’immédiateté n’avaient pas lieu d’être et où les opinions publiques apprenaient par la presse l’histoire au jour le jour.



> Il met en second lieu bien en perspective la nature et le contenu des multiples temps forts qui ont rythmé la période, du blocus de Berlin (1948) à l’effondrement du bloc de l’Est (1989-1991), dont certains ont failli, à l’instar de la guerre de Corée (1950-1953) ou de la crise de Cuba (1962), déboucher sur l’apocalypse nucléaire.



> Il décrit par ailleurs parfaitement le profil et la psychologie des dirigeants qui ont été les grands acteurs de la période et dont quelques-uns ont pu laisser l’impression de jouer avec le feu, tels Mao, sincèrement convaincu qu’il fallait utiliser l’arme nucléaire pour repousser les Américains, ou Khrouchtchev qui a, plus d’une fois, usé d’une rhétorique laissant penser qu’il pouvait en faire usage. Le lecteur appréciera tout particulièrement l’analyse que Gaddis fait de Gorbatchev qui a vainement tenté de réformer le système socialiste en conjuguant glasnost et perestroïka, jusqu’à ce que le processus qu’il a volontairement engagé échappe à tout contrôle et débouche sur la désintégration du bloc soviétique qu’absolument personne n’avait anticipé ni même envisagé.



> Il souligne enfin, pour ceux qui l’avaient oublié, que la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 est survenue de façon totalement inopinée puisque les garde-frontières, dépassés par l’ampleur de la foule massée à proximité des points de passage - sur fond de manifestations démocratiques dans toute la RDA - ont décidé d’ouvrir les portes et d’autoriser le passage des Berlinois de l’Est à l’Ouest sans demander l’accord de leur hiérarchie et, partant, des autorités est-allemandes. Une décision lourde de conséquences puisqu’elle a radicalement changé le cours de l’Histoire.



Véritable roman-monde d’une histoire pas si lointaine, l’étude, aussi sérieuse qu’analytique de John Lewis Gaddis, se distingue par son caractère vivant et accessible. Seul regret pour le lecteur : toutes les références bibliographiques citées sont en anglais, laissant à penser que les recherches européennes sur la guerre froide ne comptent pas, ce qui est évidemment un non-sens. Si les Américains ont été les vainqueurs de la guerre froide, ils ne l’ont pas nécessairement été sur le plan historiographique, même s’ils se plaisent à le penser.

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De la grande stratégie

Le titre - austère - de l’ouvrage ne doit pas rebuter : c’est bien une analyse vivante et pleine d’humour que John Lewis Gaddis nous invite à partager, pour mieux comprendre les stratégies - mais aussi les contraintes - qui pesèrent et pèsent encore sur les chefs de guerre.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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La guerre froide

"Sérieux", voilà le premier qualificatif qui me vient pour parler de l'ouvrage de J.L. Gaddis, professeur à Yale et spécialiste de la guerre froide. Le deuxième est "classique". Le lecteur se trouve devant un bon ouvrage de vulgarisation savante historique, documenté, bien construit et relativement aisé à lire. On est dans l'histoire événementielle et diplomatique où l'on s'intéresse aux dirigeants, à leurs décisions, à leur compréhension (ou malheureusement souvent leur incompréhension) du sens des événements qu'ils contribuent à faire advenir.



La guerre froide est aujourd'hui du passé pour les jeunes générations. Pour moi, elle a été le cadre dans lequel j'ai commencé à comprendre le monde, un monde où il était inenvisageable de pouvoir voyager facilement dans tout un ensemble de pays pourtant proche géographiquement et où on ne pouvait croiser dans le métro parisien la moindre sonorité slave. Cet ordre semblait intangible et relativement clair : l'Est, L'Ouest et le reste du monde, dit Tiers monde. Cela paraissait devoir durer mille ans.



Et Gorbatchev est arrivé …. et le Mur est tombé… Les images de ces hommes et de ces femmes perchés sur le Mur, l'annihilant en se donnant la main pour traverser reste autant gravées dans ma mémoire que celles du 11 septembre.



John Gaddis nous rappelle l'évolution des doctrines autour de la guerre froide. La base est l'équilibre de la terreur : accroître son armement nucléaire de façon telle que cela rende la guerre impossible car tout déclenchement par l'un ou l'autre entrainerait inévitablement la fin du monde dans son ensemble. Et nul n'enclenche une guerre, si personne ne peut la gagner. Mais selon les chefs d'Etat, de part et d'autre, des nuances apparaissent : faut-il se protéger des attaques de l'adversaire ? La protection ne rend-elle pas au contraire la guerre possible?



Les principaux temps forts sont étudiés : les missiles de Cuba, la guerre de Corée, le Vietnam, le blocus de Berlin, l'invasion de l'Afghanistan, les relations avec le Chine de Mao, les interventions en Afrique ou en Amérique du sud pour soutenir ou faire tomber tel ou tel régime, les discussions autour des accords SALT… On y voit Staline, Khroutchev, Truman, Eisenhower, Kennedy, Brejnev, Nixon, Reagan, Gorbatchev .... Le rôle du pape Jean-Paul II, premier pape polonais venu d'au-delà du rideau de fer, est mis en évidence grâce à son identité, à son action et à son discours leitmotiv "n'ayez pas peur".



Le niveau incompréhension mutuelle entre les deux super puissances est parfois étonnant: les Soviétiques ne comprennent absolument rien à la chute de Nixon pour une "petite affaire' d'écoute téléphonique. Des sommes vertigineuses ont été dépensées dans des conflits tiers pour des résultats très aléatoires. Le chapitre sur le rôle de Gorbatchev est particulièrement intéressant. Il voulait changer les choses mais n'avait pas compris que le pouvoir soviétique, si apparemment fort, reposait sur le sable et qu'une pichenette l'enverrait au tapis. D'ailleurs, les Américains ont été tout aussi étonnés.



Et finalement le mur de Berlin est tombé presque par hasard, parce qu'un fonctionnaire à la frontière n'avait pas bien compris les ordres (incroyable mais vrai!).



C'était un autre temps, si exotique qu'il paraisse pour les hommes d'aujourd'hui, c'est pourtant de cette opposition que sont nés bien des troubles actuels. Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 89. Moins de deux ans après, la première guerre du Golfe commençait et avec elle, le monde d'aujourd'hui.
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La guerre froide

Historien de renom, John Lewis Gaddis s'intéresse ici à la Guerre froide, ces longues années post guerre mondiale, bien connues pour l'état de tension permanent entre les deux grandes puissances (et alliés), sans monter aux extrêmes. Car s'il y a bien une chose qui caractérise cette quarantaine d'années, c'est le sentiment de crainte, une sorte de menace qui plane entre les différentes forces en présence, sans que jamais il n'y ait eu rupture des relations diplomatiques ou déclaration de guerre. Mais reste toujours ce sentiment de peur, celle que l'autre finisse par appuyer sur le bouton...nucléaire (pour le dire très simplement).

Voilà un livre synthétique mais qui n'en reste pas moins éclairant sur les causes, les évolutions et la fin (inattendue ? ) de cet affrontement Ouest-Est. Au delà de simplement énoncé les faits, l'auteur nous donne aussi un petit aperçu de la psychologie des principaux protagonistes. C'est là un élément tout a fait appréciable dans la mesure où cela permet de rendre ces hommes qui ont marqué l'histoire plus "humains".

La guerre froide de John Lewis Gaddis apparaît comme un livre pour néophytes, une première et belle entrée en matière qui donne envie d'approfondir les choses.

Merci aux éditions Les Belles Lettres pour la traduction, et d'avoir offert l'occasion de le lire via masse critique. Merci Babelio pour cette masse critique.
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