Avec la fin du printemps, la rivière regagnait son lit et les bancs de sable apparaissaient. En été, elle se terrait. De l’élément liquide, seules subsistaient des flaques à l’emplacement des tourbillons hivernaux. L’herbe reculait et les saules se redressaient empanachés de débris. La Salinas n’était qu’une rivière saisonnière et capricieuse, tour à tour dangereuse et timide ― mais nous n’avions que celle-là et nous en étions fiers. On peut être fiers de n’importe quoi si c’est tous ce qu’on a. Moins on possède, plus il est nécessaire d’en tirer vanité.