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M. Pereira qui arrivait avec un nouveau plat de paëlla les charria au passage :
― Alors, L’Hocine, tu sympathises avec ma nièce ! Attention, c’est moi qui dois veiller sur elle. Ne va pas trop vite !
La jeune fille éclata de rire et rétorqua :
― Ne t’inquiète pas, tonton ! Nous ne faisons que parler de vieux souvenirs !
― Déjà des vieux souvenirs ! Mais vous allez à une vitesse record, ma parole ou je n’ai pas tout saisi !
― Eh oui, c’est les jeunes d’aujourd’hui. Ils vont plus vite que la musique !
― Oh toi, Pablo, on ne t’a pas sifflé ! Occupe-toi de ta langoustine et laisse tes antennes de côté.
Pablo qui avait mal entendu lança :
― Pour des antennes, elle en a, ta langoustine ! Et des longues, va ! Pour un peu elle pourrait toucher le phare de Port-Bou !
― Toujours dans l’exagération, mon cher Pablo…
Tard dans la soirée, un jeune homme joua une mélodie sur une Alhambra et quelques couples virevoltèrent dans l’ivoire étincelant de la cour. L’Hocine n’avait plus que cet air en tête et plongeait ses yeux dans le noir profond de la Méditerranée. Ce fut alors qu’il eut l’idée d’inviter la nièce de M. Pereira à danser et elle ne refusa pas. Il lui prit la main et une délicieuse sensation de chaleur l’enveloppa. Peu à peu il lui sembla que la musique pénétrait en lui en même temps qu’il se fondait dans la douceur de son corps. Dans quelques jours, il serait probablement de l’autre côté de cette somptueuse plaine liquide où paissaient l’écume et les beaux nuages de septembre. Il embrasserait sa famille et leur offrirait toutes sortes de cadeaux pour les remercier pour tout ce qu’ils avaient fait pour lui autrefois. Ils verraient tous qu’il était à présent guéri et qu’il ne s’était jamais porté aussi bien qu’en cette période de sa vie où tout avait été comme régénéré.
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Cerbère rassemblait ses maisons colorées de façon à la fois géométrique et intimiste. Des rectangles allant du rose pâle au rose tirant sur le saumon, des nuances blanches. On eût dit un village conçu par un peintre abstrait. À mesure qu’il s’en rapprochait, les bâtisses s’élevaient comme un château de cartes qu’un souffle puissant eût maintenues droites. Au loin on apercevait d’autres caps. Le plus proche formait une langue de chat où l’on eût piqué une dent sombre comme un totem. À sa gauche une pharmacie trônait au bord de la Méditerranée avec son symbole vert et il décida de s’y arrêter pour acheter du doliprane 1000 en gélules. Comme sa mère, il souffrait de violentes migraines et la marche sous le soleil de plomb n’arrangeait rien. Peut-être qu’une feuille d’oranger sur le front l’eût mieux soigné, mais où pouvait-on en trouver ici ?
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John Vega
Nabil se leva difficilement de sa chaise et s’appuya d’une main sur la table pour assurer son équilibre sous l’œil inquiet de Nadia, qui ne fit aucun commentaire. Quand il eut retrouvé suffisamment de force dans les membres et confiance dans ses pas, il put atteindre la sortie, puis déboucha sur le chemin pierreux. Nadia ferma la porte à clef et prit la main de sa petite fille, tandis que Mohand soutenait son père. Tout en descendant, ils échangeaient leurs observations sur les changements de la Nature. Un arbre s’était encore allongé, un autre semblait s’être au contraire courbé sous le poids des ans, un autre encore s’était couvert d’une toison verte. Ils croisèrent Arezki qui revenait du village, un sachet à la main. Il embrassa la petite fille qui lui apprit qu’elle allait voir Bibie et il éclata d’un bon rire franc.
― Tu en as de la chance ! Tu vas voir comme elle est gentille. Moi, je la connais bien et elle donne le meilleur lait de la région. Tu l’as déjà goûté ?
― Non, fit Nadia.
Et elle prit une expression grave qui les amusa.
― Ta grand-mère va la traire et tu boiras son lait tout chaud.
― Chic ! fit-elle et tous s’esclaffèrent.
Arezki leur souhaita un bon après-midi et poursuivit son chemin. Nabil demanda à ce qu’on aille moins vite et s’appuya plus vigoureusement sur le bras de Mohand. Nadia expliqua à sa petite fille que c’était sur ce chemin que son père passait pour se rendre à l’école communale et lui apprenait en français le nom des arbres qui le bordaient : figuier, grenadier, frêne… Et l’enfant s’efforçait de répéter après elle toutes ces nouvelles syllabes comme on l’eût fait de notes de musique. Fi… gui… é. Gre… Na… di… é. Frê… ne.
― Ça y est ! On arrive au champ ! claironna Nabil. Regardez notre Bibie, là-bas, près de la cabane ! Bibie, viens vite, je vais te présenter ma petite fille.
Et la chèvre qui avait reconnu sa voix se précipita vers eux.
― Bibie ! s’écria Nadia en lâchant la main de sa grand-mère qui la reprit aussitôt.
La chevrette vint frotter son museau contre la main de Nabil qui lui caressa la tête.
― Bibie, dit-il solennellement, je te présente Nadia, ma petite princesse, la fille de Mohand.
Et la biquette émit plusieurs bêlements qui firent reculer l’enfant avant qu’on ne l’entendit éclater de rire et frapper dans ses mains. Mohand s’approcha de la chèvre et une fois qu’il l’eut retenue, il invita Nadia à venir la caresser.
― Doux… fit la fillette qui posa sa tête sur l’encolure de Bibie.
Nabil dit alors qu’il y aurait une photo à prendre tellement elles étaient adorables toutes les deux. Mohand tira de sa poche son portable.
― Mets-toi à côté d’elles, dit-il à Nabil qui s’avança jusqu’à lui et il put s’appuyer sur son épaule.
Quand tout le monde fut prêt, il prit une série de photos et remercia chacun avec le sérieux d’un professionnel.
― On dirait que tu as fait ça toute ta vie ! blagua Nabil et quand il vit le résultat, il oublia toute moquerie.
― Tu nous as drôlement bien réussis ! On dirait des acteurs de cinéma !
― N’est-ce pas que nous sommes beaux !
Et il lui vint un élan de fierté en pensant à la postérité qui les verrait encore en reconnaissant le champ des oliviers et la cabane en pierres où leurs ancêtres avaient rassemblé si souvent leurs foins. La beauté de ce lieu ne connaîtrait probablement jamais de rupture. Les oliviers continueraient de s’épanouir et d’offrir leurs fruits. Plus tard Nadia viendrait rendre hommage à ce lieu magique en compagnie de ses enfants.
(Page 428 à 430)
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