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EAN : 9782312071916
438 pages
Les Editions du Net (01/03/2020)
5/5   4 notes
Résumé :
Dans une Algérie qui se cherche, L’Hocine, un trentenaire à la dérive, passe ses journées à flâner au port de Béjaïa. Son grand frère Mohand, professeur et écrivain, découvre les joies de la paternité. L’Hocine se sent délaissé et fait la connaissance d’Ali avec lequel il part vivre à Marseille, mais ce bonheur est de courte durée. Commence alors pour lui une autre solitude qui le mène jusqu’à Cerbère, une petite ville des Pyrénées-Orientales.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Entretien avec John Vega

― L'histoire de votre roman se déroule à notre époque, à la fois en Algérie et en France ?
― Oui, mon roman retrace environ deux années de la vie d'une famille kabyle du XXIe siècle. Il se déroule à la fois en Algérie (à Bejaïa, à Alger...) et dans le Sud de la France (Marseille, Cerbère...). Il offre donc une lecture de la société algérienne contemporaine, avec sa grande diversité et ses nombreuses contradictions, et celle de la société française, à l'heure des interrogations identitaires et des problèmes liés au chômage.

― Comment avez-vous choisi son titre ?
― Je l'ai emprunté à une chanson kabyle que ma mère chantait, lorsque j'étais enfant. Cette chanson disait en substance « J'ai mal à la tête. Je lui ai mis une feuille d'oranger... » Comme mon héroïne Nadia souffre de maux de tête, je me suis alors souvenu que ma mère mettait une feuille d'oranger sur son front, lorsqu'elle avait des céphalées. Peu à peu cette souffrance s'est élargie aux autres personnages confrontés à des maux insolubles, à toutes sortes de frustrations, de désillusions, pour ne pas dire d'enfermements. La migraine semble être un mal national en raison de la masse de problèmes auxquels on est confronté régulièrement !

― La fleur d'oranger a également une valeur symbolique ?
― Effectivement, pour mes personnages la fleur d'oranger a la faculté de soigner, celle d'apporter un apaisement, un rayon de soleil ou tout simplement celle de créer un lien avec le pays quitté. Plus généralement la fleur d'oranger symbolise la pureté et l'espoir d'une descendance. En Algérie les femmes l'utilisent pour se parfumer ou pour parfumer leurs pâtisseries. Pour moi, elle est d'abord une fragrance, une petite note florale qui obsède et apaise. La fleur d'oranger incarne aussi Nadia, la matriarche vétérinaire qui soigne autant les animaux que les humains.

― Sans vouloir pénétrer dans les arcanes de la création, ni même être indiscret, pouvez-vous nous dire s'il est facile de suivre toutes les histoires parallèles des personnages qui parfois se rejoignent ?
― J'ai suivi mes personnages durant des temps forts de leur existence. J'ai travaillé dans la continuité pour certains, puis j'ai découpé le texte obtenu en petites unités. le plus difficile pour moi a été de trouver le bon endroit où placer ces unités sans créer des ruptures entre chacune des petites musiques des personnages.

― Votre roman contient un récit enchâssé lié à la Préhistoire. Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire sur cette période ?
― La Préhistoire n'est pas une période dont on parle beaucoup en Algérie même s'il existe de nombreuses traces des hommes préhistoriques. Depuis longtemps j'essaie d'imaginer comment ils vivaient en particulier dans ces régions que je connais le plus, c'est-à-dire la vallée de la Soummam et la chaîne montagneuse des Babors.

― Si on devait rattacher votre roman à un genre littéraire particulier, lequel serait-ce ?
― Le roman familial. Même si les personnages sont souvent très seuls et semblent être des étoiles jetées dans un cosmos impitoyable, il existe des interactions qui montrent que faire partie d'une famille fait toujours sens.
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Ce roman retrace deux années de la vie d'une famille kabyle du XXIe siècle. L'histoire commence dans une maternité de Béjaïa avec la visite de L'Hocine à sa belle-soeur, Karima, qui vient d'accoucher d'une petite fille. C'est l'occasion pour la grand-mère, Nadia, de descendre des hauteurs d'Akfadou pour partager l'heureux événement et féliciter son aîné, Mohand qui a choisi d'attribuer son prénom à sa fille.

Nadia repart avec l'espoir que sa petite-fille suive sa voie, selon ses désirs, car rien n'est plus important pour elle qui a su se battre pour s'imposer en tant que vétérinaire, carrière qui arrive à son terme. Elle s'apprête en effet à prendre sa retraite en attendant qu'un futur acquéreur se présente à son cabinet. Son mari, Nabil, professeur déjà retraité, passionné d'apiculture, est parti à Alger pour voir un collègue muté dans la Capitale afin de l'aider à finaliser un essai sur Spinoza. En vérité, il affronte la maladie à l'hôpital d'Aïn-Naâdja.

En parallèle de son travail de professeur d'histoire-géographie dans un lycée de Béjaïa, Mohand écrit un récit qui se déroule dans Les Babors durant la période préhistorique. Il découvre les délices d'un nouvel amour avec l'une de ses collègues, tandis que Karima s'éloigne peu à peu de lui, plongée dans ses rêveries bovariennes qu'elle partage avec un personnage mi-réel mi-imaginaire, Abdel, un maître-nageur.

Célibataire sans emploi, L'Hocine reprend son errance dans le port de Béjaïa. Un jour, il fait la connaissance d'Ali, un fin lettré qui comme lui rêve d'une autre vie. Il finit par le convaincre de le suivre jusqu'à Marseille, bien que L'Hocine ait déjà eu une expérience malheureuse en France. Confrontés à la discrimination, ils connaîtront un bonheur de courte durée et L'Hocine devra poursuivre sa route seul jusqu'à Cerbère, dernier port français avant l'Espagne. La vie n'a pourtant pas dit son dernier mot et lui réservera d'autres rencontres qui lui montreront que l'humanité a encore de belles choses à lui offrir.

Tous les personnages de ce roman, en dépit des épreuves qu'ils traversent, restent forts et courageux et ne cèdent jamais aux sirènes du désespoir. Ce sont tous des êtres libres, qui ont pour devise d'être heureux et de satisfaire leurs désirs pour réussir à devenir eux-mêmes, car l'homme est ce qu'il choisit.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
M. Pereira qui arrivait avec un nouveau plat de paëlla les charria au passage :
― Alors, L’Hocine, tu sympathises avec ma nièce ! Attention, c’est moi qui dois veiller sur elle. Ne va pas trop vite !
La jeune fille éclata de rire et rétorqua :
― Ne t’inquiète pas, tonton ! Nous ne faisons que parler de vieux souvenirs !
― Déjà des vieux souvenirs ! Mais vous allez à une vitesse record, ma parole ou je n’ai pas tout saisi !
― Eh oui, c’est les jeunes d’aujourd’hui. Ils vont plus vite que la musique !
― Oh toi, Pablo, on ne t’a pas sifflé ! Occupe-toi de ta langoustine et laisse tes antennes de côté.
Pablo qui avait mal entendu lança :
― Pour des antennes, elle en a, ta langoustine ! Et des longues, va ! Pour un peu elle pourrait toucher le phare de Port-Bou !
― Toujours dans l’exagération, mon cher Pablo…
Tard dans la soirée, un jeune homme joua une mélodie sur une Alhambra et quelques couples virevoltèrent dans l’ivoire étincelant de la cour. L’Hocine n’avait plus que cet air en tête et plongeait ses yeux dans le noir profond de la Méditerranée. Ce fut alors qu’il eut l’idée d’inviter la nièce de M. Pereira à danser et elle ne refusa pas. Il lui prit la main et une délicieuse sensation de chaleur l’enveloppa. Peu à peu il lui sembla que la musique pénétrait en lui en même temps qu’il se fondait dans la douceur de son corps. Dans quelques jours, il serait probablement de l’autre côté de cette somptueuse plaine liquide où paissaient l’écume et les beaux nuages de septembre. Il embrasserait sa famille et leur offrirait toutes sortes de cadeaux pour les remercier pour tout ce qu’ils avaient fait pour lui autrefois. Ils verraient tous qu’il était à présent guéri et qu’il ne s’était jamais porté aussi bien qu’en cette période de sa vie où tout avait été comme régénéré.
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Cerbère rassemblait ses maisons colorées de façon à la fois géométrique et intimiste. Des rectangles allant du rose pâle au rose tirant sur le saumon, des nuances blanches. On eût dit un village conçu par un peintre abstrait. À mesure qu’il s’en rapprochait, les bâtisses s’élevaient comme un château de cartes qu’un souffle puissant eût maintenues droites. Au loin on apercevait d’autres caps. Le plus proche formait une langue de chat où l’on eût piqué une dent sombre comme un totem. À sa gauche une pharmacie trônait au bord de la Méditerranée avec son symbole vert et il décida de s’y arrêter pour acheter du doliprane 1000 en gélules. Comme sa mère, il souffrait de violentes migraines et la marche sous le soleil de plomb n’arrangeait rien. Peut-être qu’une feuille d’oranger sur le front l’eût mieux soigné, mais où pouvait-on en trouver ici ?
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