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Citation de migdal


Paris, au mois de mai. Huit mois après l’immense succès de mon second roman.

Un journaliste était venu interviewer Bernard au siège des Éditions de Fallois, 22 rue La Boétie. Bernard n'aimait pas tellement les interviews, mais il acceptait parfois de se prêter au jeu quand je le lui demandais. J'étais présent dans la pièce également.

Après quelques questions d'une affligeante banalité, le Journaliste prit un air narquois et demanda à Bernard, sous-entendant que j'allais évidemment céder aux sirènes des grands noms de Saint-Germain-des-Prés :
— Pensez-vous que vous éditerez le prochain roman de Joël ?

Je devins pourpre de rage et dus me retenir de ne pas chasser le journaliste à coups de pied dans le derrière. Bernard, lui, sourit d'un regard malicieux et répondit:
— Si le prochain roman de Joël n'est pas bon, je ne le publierai pas.

Je n'oublierai jamais cette phrase, qui résume à elle seule la relation que j'ai entretenue avec Bernard pendant toutes ces années.

Bernard me faisait un contrat par livre, sans que cela me lie à lui pour le suivant.

Un livre à la fois, m'expliquait-il. Si vous n'avez pas envie de travailler avec moi, je ne veux pas vous y forcer.

Ce à quoi je lui répondais :

— Et moi, je ne vous demande aucune avance. Vous me paierez pour ce que je vends. Si le livre a du succès, tant mieux pour nous tous, s'il n'a pas de succès, nous nous serons au moins bien amusés.

— Le succès, c'est le plaisir de travailler ensemble ! me rappelait alors Bernard, d'un ton enthousiaste.

Nos contrats étaient d'ailleurs signés à la dernière minute, souvent alors que le nouveau roman était déjà à l'impression, tant ceci n'était pas notre préoccupation.
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