Je l'avais aimée sans le vouloir, sans permission non plus, comme un adolescent inconscient de ses actes. Ces sensations de bonheur, la quiétude de cette innoubliable journée prometteuse d'un avenir serein, tout avait été bafoué, piétiné.
Un grand vent s'engouffrait dans les rues de Gaya, un vent d'harmattan rugissant et galopant, un de ces vents annonciateurs de bouleversements, celui de la saison nouvelle, celui de la vie et de, sa façon toute particulière de vous porter sur ses ailes et de vous renvoyer à la case départ. A cet instant pour moi, il était le vent de la colère.
J'avais voulu découvrir le nord, surtout le connaître, et je m'y étais attardé. Maintenant, je foulais à nouveau le sol de mon Bénin natal avec dans mes bagages une passion inachevée et une colère insidieuse que je sentais me conquérir jusqu'au fond de mes entrailles.