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Citation de le_Bison


Le dos appuyé au mur, il l'observe pendant qu'elle attise les braises. En ce bout du monde, les femmes savent arracher le feu à son sommeil, elles accomplissent ce geste chaque matin, et depuis des centaines d'années. Ailleurs, bien loin d'ici, de grands hommes ont réfléchi sur l'humanité et sur l'univers, ils ont découverts des planètes, des vers de poésie ont vu le jour, des empereurs, des rois, des généraux ont exterminé la vie autour d'eux et c'est ainsi que l'Histoire a connu ses flux et ses reflux; les années s'assemblent en siècles et pendant tout ce temps, ici, à la limite du monde, des femmes se sont éveillées avant Dieu et les hommes pour s'agenouiller devant le fourneau et ranimer les braises qu'elles avaient confiées à la nuit. La tâche peut prendre une heure, elles soufflent sans désarmer, car que serait la vie en l'absence de feu alors que le froid règne partout ? Elles soufflent, elles s'épuisent, quand la fumée consent enfin à s'élever et vient aussitôt leur baigner le visage, les yeux se mettent à les piquer, et les larmes coulent. Cette fumée leur permet de pleurer. Ici, il est bon de verser des larmes. Meurent les enfants, meurent les rêves, la lueur qui scintille en chacun s'affadit jusqu'à disparaître; et ceux qui ne pleurent pas se changent en pierres. Elles soufflent sur la braise. peut-être pleurent-elles car on peut ranimer un feu, mais pas un homme.
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