Ian la regarda bien en face et déclara avec amertume :
"Il y a des choses qui ne t'effleurent pas, hein ?
_ Qu'est-ce qui ne m'effleure pas ?
_ La colère qu'on éprouve devant cet air de supériorité morale qui émane de vous autres en permanence.
_ Pardonne-moi, mais de qui tu parles ? C'est qui, "on", c'est qui, "vous autres"?"
Au lieu de répondre à cette question, il en posa une autre. "De quel côté tu crois que va pencher le référendum ?
_ Ne change pas de sujet.
_ Je ne change pas de sujet. Quelle va être l'issue, selon toi ? "
Voyant qu'il n'en démordrait pas, elle gonfla les joues et dit :
" Je sais pas. On va rester, sans doute."
Il eut un sourire satisfait et fit non de la tête. "Faux. Les partisans du non vont gagner. Et tu sais pourquoi ?"
Elle secoua la tête.
"A cause des gens comme toi", conclut-il avec un accent de triomphe tranquille. Puis il répéta, l'index pointé sur elle : "Des gens comme toi."