En concert comme en studio Ravi invite les musiciens à respecter Sa direction artistique. Mais s'il choisit les structures mélodiques (le raga)et rythmiques (le tala) nécessaires à l'élaboration d'une pièce, son interprétation peut se révéler plus ou moins respectueuse de la rigueur classique Une partie du plaisir (pour les musiciens et pour les auditeurs) réside d'ailleurs dans la transgression, maitrisée et occasionnelle, de certaines règles et parfois même d'erreurs < rattrapées >. Lorsque le cadre est établi, le percussionniste pourra notamment s'émanciper de sa fonction
de soutien rythmique. Ravi Shankar est d'ailleurs l'un des tout premiers musiciens de renom à avoir valorisé les percussions en mettant en avant ses accompagnateurs. Ainsi, Chatur Lal puis Allah Rakha s'adonnaient volontiers à de longues et riches improvisations. Pendant ce temps. le maftre n'hésitait pas à poser son sitar pour marquer la pulsation, compter les cycles rythmiques à voix haute afin de guider son auditoire ou chanter des phrases rythmiques que le percussionniste devait ensuite
reproduire. Cette tendance à privilégier le rôle du tabliste est l'une des
caractéristiques essentielles de Sa musique.