J'ai obtenu ce livre dans un lot, lors d'une brocante parisienne. On m'a affirmé que cette collection poétique, maintenant disparue, était mythique. C'est sans doute un peu exagéré mais, en effet , les éditions " Orphée La Différence" ont eu leur heure de gloire. Elles ont surtout permis de faire découvrir aux lecteurs des poètes du monde entier. En cela, je les remercie car ma découverte du poète équatorien Jorge Carrera Andrade a été une révélation!
Même si je connais très peu l'espagnol, j'aime les recueils bilingues. On est au plus près des mots choisis par l'auteur. Et quels mots! Un déferlement, un élan, que ce soit pour rendre hommage au pays de l'enfance ou pour évoquer le monde, les pays où l'auteur a séjournés en tant qu'ambassadeur. Il est né à Quito en 1903 et il y est mort aussi, en 1978. La préface autobiographique est très instructive et superbement rédigée.
Ses poèmes, souvent longs, déroulent avec limpidité et passion un amour de la nature, des arbres et des oiseaux en particulier:
" Ailes, feuilles et nuages
se lancent des signaux
et vibrent dans le vent
qui berce leur délice"
Il n'est jamais aussi tendre et inspiré que quand il évoque son pays natal:
" Enfance, ta géographie, c'est le plateau
des Andes, tout entier à ma fenêtre "...
Il a aimé aussi parcourir le monde, il écrit dans la préface:" J'écoute l'hymne de la famille universelle au sein de cette unité planétaire". Mais l'exil est aussi une souffrance:
" Le pays de l'exil ne possède pas d'arbres.
Il est solitude immense de sable.
Etendue vide où pousse
La ronce-feu des sacrifices."
Je sais que je reviendrai souvent goûter les vers de ce recueil, ils me touchent , me font du bien... Allez aussi à la rencontre de ce poète, il le mérite vraiment...
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