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Citation de PhilippeSAINTMARTIN


A l’Islande

De tous les pays de ce monde de beauté
que lassèrent ma chair et l’ombre de ma chair
nul n’est plus près du fond intime de mon coeur
que toi, Thulé dernière, Islande des vaisseaux,
de la constante rame et du soc obstiné,
des filets de pêcheur tendus comme des murs,
de cette étrange lumière de soir figé
qu’épand le vague ciel entre deux lentes nuits,
du vent qui cherche les voilures égarées
du Viking; terre sainte à qui la Germanie
dut sa mémoire, dut le rachat de ses mythes,
dut ta forêt de fer et son loup et la nef
faite d’ongles de morts, horrible aux dieux eux-mêmes.
Islande, j’ai rêvé de toi bien longuement
depuis ce vieux matin où mon père donna
à l’enfant que j’étais et que je suis encore
une version de la Völsunga Saga;
ma pénombre aujourd’hui s’attaque au texte même
non sans l’aide parfois du lent dictionnaire.
Un jour vient où le corps se lasse de son homme,
un jour vient où le feu décline et devient cendre;
heureux alors l’apprentissage résigné
d’une science interminable. J’ai choisi
ta langue, ce latin du Nord qui domina
les steppes et les océans d’un hémisphère,
qu’entendirent Byzance et la vierge Amérique.
Vraiment la posséder, je m’en sais incapable,
mais les dons hasardeux de la quête m’attendent;
j’en oublierai le fruit doctement défendu.
Font-ils mieux, les chercheurs d’étoiles ou de nombres?
Islande, à toi l’amour, seul l’ignorant amour.
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