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Citation de art-bsurde


C'était la librairie, et plus précisément, le premier étage de la librairie de Martinus Nijhoff à La Haye. Aujourd'hui, vingt-trois ans après, je pourrais encore, les yeux fermés, monter cet escalier, je saurais encore m'y retrouver, parmi les longues rangées de livres du premier étage. Nijhoff, en général, se tenait au rez-de-chaussée, il me regardait passer vers l'escalier avec des yeux pétillants derrière les verres cerclés d'or. Au premier étage se trouvait les rayons de livres français neufs et d'occasion, et j'y passais des heures à lire des bouquins que je ne pouvais m'offrir. Une lumière placide baignait la grande salle, cette belle lumière dense, sans arêtes coupantes, de l'hiver nordique, une luminosité sphérique, irradiant par égal les plans rapprochés et les plans lointains, tamisée dans la grande salle encombrée de rayonnages sévères (et cette odeur d'encaustique devenait en quelque sorte l'équivalent sensible du puritanisme un peu hautain, et combien fragile, dérisoire tout compte fait, de l'ensemble) par les verrières nervurées de plomb cerclant les bouts de vitre colorée, disposés ça et là, selon un ordre vieillot et un tant soi peu monotone.
Mais tout ceci, bien entendu, ne fait pas partie de ce rêve-là, au cours de ce voyage. Ce rêve-là n'était que la nostalgie de ce lieu calme et clos, non identifié clairement, ne débouchant sur rien d'autre que sur le sentiment confus d'une perte irréparable, d'un manque impossible à combler, dans la puanteur moite du wagon, traversée bientôt de cris échevelés.
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