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Citation de SZRAMOWO


Leurs cigares charbonnaient et puaient comme des fumerons.

Tout en rattachant sa culotte qui s’était déboutonnée, Cyprien s’écria :

— Rester, pendant deux heures, dans un coin, regarder des pantins qui sautent, salir des gants et poisser des verres, se tenir constamment sur ses gardes, s’échapper, lorsqu’à l’affût du gibier dansant, la maîtresse de maison braconne au hasard des pièces, si tu appelles cela, malgré l’habitude que tu en peux avoir depuis que l’on t’a marié, des choses agréables, eh bien ! tu n’es pas difficile.

André haussa les épaules et, crachant le jus de tabac qui lui poivrait la bouche, dit simplement :

— Peuh, on s’y fait !

Il y eut un instant de silence. Ils marchaient lentement, côte à côte, quand minuit sonna. Deux horloges entremêlaient leurs coups ; l’une, au loin, vibrait doucement, en retard d’une seconde sur l’autre ; la plus proche découpait, nettement, presque gaiement son heure.

La rue que les deux jeunes gens suivaient était déserte et leurs pas retentissaient avec un bruit clair sur le trottoir. Tantôt leurs ombres se brisaient le long des boutiques fermées, tantôt les précédaient ou les suivaient, étalées à plat sur les dalles, pâles à certains moments, foncées à d’autres. Souvent elles s’enchevêtraient, se confondaient, s’unissaient des épaules, ne formaient plus qu’un tronc ramifié de bras et de jambes, surmonté de deux têtes ; parfois elles s’isolaient, se ramassaient sous leurs pieds ou s’allongeaient démesurément et se décapitaient dans le renfoncement des portes.
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