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Critiques de José-Flore Tappy (4)
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Hangars

Ce recueil de poèmes se découvre par petites touches , pas à pas. Et plus on s'en imprègne, plus on l'aime...



Encore une superbe découverte contemporaine ! Auteure discrète, universitaire au Centre des recherches sur les lettres romandes, Josée-Flore Tappy est suisse, elle vit à Lausanne et traduit aussi des poètes latino-américains. Dans l'avant-propos d'un autre poète, Philippe Jaccottet, il nous explique que " son chant est plutôt un énoncé, qui aurait la force des pierres, la sécheresse de l'os, le tranchant du fer".



On s'attend donc à une certaine rugosité, voire de la dureté. Certes, les éléments tels que les métaux, la pierre sont très présents et définissent sans douceur les contours du jour,mais la lumière, l'espoir sont souvent prêts à jaillir. C'est ce qui fait la force de sa poésie. Oui,le réel s'impose, âpre, mais le feu, l'amour éclairent l'angoisse, le vide. Même s'ils n'arrivent pas toujours à les conjurer.



" La lumière

des mains légères la frottent

à la pierre ponce la pierre saline

les mains rapides

qui distribuent



celles qui brillent

des débris de la nuit"



Cette poésie brute, faite de textes courts, rebute parfois, mais des éclairs , des rais fulgurants la traversent, créant des images d'une beaute pure, minérale.



" Alors sous les grands acacias

s'endort la peur

alors seulement

s'apaisent

les émeutes du vent"



Au -delà du caractère abrupt des mots se révèlent des vérités nues et profondes. A découvrir!











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Terre battue suivi de lunaires

Recueil composé de deux parties :

- Poèmes de l'ombre

- L'île



Poésie sans grandiloquence

saisissante à chaque détour

d'histoires, association

inattendue de mots secs

communs



Poésie parsemée de grains

de lumière :



Ici des sentiers fuient sous les pas

Là rien que " vérité vertébrale "



Aucune ponctuation





Ainsi ces " Poèmes de l'ombre "



" Entre hier et demain

je marche

sur une planche vacillante

dressée par la lumière



Dessous

le vide l'effroi

des profondeurs

un monde fracturé

où miroite la mémoire



lucarne

dans le noir aujourd'hui

p.11



" Le ciel si dur si fermé

assiette de fer blanc

où frappe sans répit

le bec avide des oiseaux



Il faudrait

clouer la faim

sur les portes de hêtre

ou l'étouffer

avec un chiffon d'herbes

p.12



" Nerveuse

mon ombre balaie le sol

prête à bondir

à l'affût d'on ne sait

quel mot d'ordre

quelle étincelle



Mais je la tiens

très courte

nouée à mes chevilles

comme bête soumise

couchée dans la poussière

p.13



" Parfois sans raison

traînée de cigare sur la terre froide

cette même ombre

me désigne du doigt

inerte

à moi-même étrangère

p.14



" Comment guérir

mettre en plâtre

cette fracture

comment tenir

l'incoercible



Bander étroitement

les deux parts de moi-même

serrer dur

le présent le passé

unir

   de force

ces deux moitiés

   brisées



Méprise

p.15



" Trop osciller

  a démis

l'os

  de ma raison



folie   folie



Les pensées vrillent

dans leur chant

  dissonant

p.17



" Si vétuste la lumière

à peine quelques grains

jetés

dans la main des vivants



Bienheureuses

les poules

sans esprit



moi je picore

les restes avariés

d'un vieux rêve

passé

que rien ne peut me faire

lâcher

p.19



" Mon ombre

à l'aventure

divague

silhouette

somnambule



D'aller venir

à force d'errer

finira-t-elle

un jour

par user – l'égarée –

sa pointe sa mine obscure

à l'arête vive des pierres



crayon fébrile qu'aucune main

ne dirige

p.30



" Les jardins ont mis

leurs gants de givre

aux clochettes rouillées



absence absence

j'épelle

le rien

j'ânonne



ici   là-bas

de moi   à moi

chancelantes syllabes



et glisse l'chevelée

folie entre mes doigts

livides

p.31





Ainsi ces poèmes " L'île "



" Ouvert dans la pénombre

le cerisier déborde

soulève neige et fontaine

échange contre la pluie

tout le sommeil des merles

repousse le ciel

plus haut toujours plus haut



Respirer    respirer



Sous cette grande jupe d'écume

je caresse l'angoisse

j'amadoue l'ennemie

p.37



" Qui sait

demain peut-être

la lumière durcira



brûlant poignard

sur la table des blés

p.41



" Sous la patte

des figuiers pachydermes

l'île fossile

étouffe



Masser la peur la déraidir

chauffer l'endroit où

tout se fige



L'île soulevée

carapace sur le dos reptile

des vagues

p.42



" Mais qui verse

à travers les ruelles

tous ces seaux de lumière

lavant les pavés

de leur sommeil calcaire ?

p.45



" Hésitant

cherchant nos pieds

comme une bête affamée

le chemin

fuit revient

squelettiques

mord nos talons

et furtif

nous quitte

p.46



" Dos

à dos

avec la pierre



Le plein air

pour tombeau



Rien que

vérité vertébrale

p.52



" À l'insu des regards

j'enfile la cagoule

du vent et je vais

anonyme



Si douce la nuit

son velours élimé

sur mon corps disparu

p.54





Enfin cette toute dernière question :

" Faut-il tenir l'espoir par l'anse pour ne pas le briser ?

p18

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Hangars

Le titre de ce recueil poétique, Hangars, interroge quant au contenu des feuillets.

Et l'ouvrage n'apporte pas réponse, il est donc de bon ton de laisser aller son imaginaire.

Hangars est un recueil de poésie lyrique allant crescendo. Le champ lexical de surface est celui de la nature, la belle, la grande, l'envoutante mais en arrière plan se laissent dévoiler solitude, mélancolie, vie des hommes, perte et émerveillement.

La division du texte en trois "actes" : limaille, élémentaires, gravier m'a fait l'effet d'un crescendo. Le texte s'envole et son contenu envoûte, la nature enveloppe tout en libérant.

L'Espagne apparaît dès le préambule avec une citation de Machado. L'Auteure a donc trouvé son violon d'Ingres en terre ibérique, les amandiers et capriers fleurissent les vers...

Un texte qui s'apprivoise par la relecture. Une belle découverte poétique, écrite en vers libres renouant toutefois avec la poésie classique d'Europe ou d'Asie.
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Terre battue suivi de lunaires

Les poèmes m'embarquent, m'enchantent, me bercent, me sortent de ma torpeur, m'enlisent, m'entraînent, m'émeuvent. Bercée par ce chant lancinant.

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