Les jours sont pareils
Et ne se ressemblent pas
Balourd claudiquant
Ou
Flèche de lumière
Qui court se ficher dans la nuit
Gonflé de rires
Ou
Frêle comme une feuille
Mais au soir
Toujours
Cette croyance inusable
Que demain
Sera meilleur
Qu'aujourd'hui
Le salon s’est rempli de désert…
Le salon s’est rempli de désert
L’air ne tremble pas
Les bruits s’avachissent
Les gestes restent inachevés
Seule se déploie
L’odeur pressante
Des lys qui pataugent dans le vase
Cœurs ouverts
Jusqu’à l’indécence
Un peu grise
Je chante Mozart
Éclair volé
À l’éternité
Confetti...
Confetti
Sous la grosse patte
Du vaste monde
Ma vie
Ma géographie se déboussole
L’arithmétique me compte
Pour du beurre
La grammaire
Me conjugue au passé
Petite inconnue de l’Histoire
Je suis
Une poussière dans l’œil
Du bel aujourd’hui
En compagnie des géraniums…
En compagnie des géraniums
Grosses têtes de chou
Penchées vers le boulevard
J’écoute le dimanche qui pétarade
Impatiences d’autos
Clameurs de gosses
Le ciel est si joyeux
Et le vent s’amuse dans les marronniers
Un beau dimanche
Dans l’ambulance qui crie
Quelqu’un peut-être
Ne le sait déjà plus
Les lames du vent glacé…
Les lames du vent glacé
Lacèrent mon visage
Le code au bout des doigts
Un portail
Puis un autre
Une envolée dans l’escalier
Je fais la nique
À l’ascenseur
Derrière la porte
Et son cadre de fer
Le ventre chaud
De mon enclos
Qu’est-ce que ça change
Invisible dehors
Ici
Dans les miroirs
Compagne unique
De moi-même
Les yeux brûlés de n’avoir pas dormi…
Les yeux brûlés de n’avoir pas dormi
J’ai juste le droit d’écouter
Le silence de la rue
À travers le vacarme du sang
Qui bout dans mes oreilles
Les autos glissent
Le vent se tait
Les platanes effeuillés
N’ont rien à dire
Il me vient un désir
D’offenser cette paix
Par l’envol brisé
D’un corps
J’ai mis les miroirs/En pénitence…
J’ai mis les miroirs
En pénitence
Fini de rire
Le temps court plus vite que moi
Un froid bleuté/Pose sa poigne…
Un froid bleuté
Pose sa poigne
Sur la crête enflammée
Du géranium
Engoncée dans la tiédeur domestique
Je me régale d’égoïsme et de paresse
J’ai posé mon livre
Il ne reste que Bach et moi
La machine à tourner en rond
S’allume
Et la revoilà
L’enfant triste
Il est des jours…
Il est des jours
Comme les autres
Ni tout à fait semblables
Les jours
Où l’on sait
Que les nuages là-bas ne seront plus jamais les mêmes
Que la mer se retire pour encore revenir
Que la joie de Jean-Sébastien demeure
Qu’il y a des mots pour tout dire
Des jours
Où je dis merci au monde
De me garder encore
Un peu
Poésies des petites classes…
Poésies des petites classes
Et des quatre saisons
Lisses et sucrées
Qu’on récitait
Avec le cœur
André Theuriet
Albert Samain
Lucie Delarue-Mardrus
C’était le temps des porte-plume
Et des cancres rêveurs
Ne te réveille pas
Prévert
L’oiseau-lyre est en cage
Et ils font toujours
La chasse à l’enfant