je n’oublie pas mes quais des brumes
clignant des cils
ni ce poète d’une main à nord de mon paquebot
ni ces printemps imprévus
ni ces nuits sous l’écorce
ni ces aubes mutilées
ni ces soleils à la consigne
ni ces martyrs à la criée
ni ces rasoirs sans rouille
ni mes larmes mal apprises
je sais ce bruit chargé de ronces, de bagnes et de pogroms
ces îlots comme des trous dans ma poitrine
ces rêves garrottés par les rêveurs d’hier
ces solitudes dans le profond des foules
ces sœurs qu’il leur arrive encore d’attendre
et ces mots semés en parpaings et poussières.