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Citation de enkidu_


La population de ce hameau entoura aussitôt Bullit. Les rangers portaient un uniforme : vareuse de toile kaki à gros boutons métalliques, short et chéchia de la même étoffe, cartouchière à la ceinture. Les mécaniciens étaient habillés de guenilles, les serviteurs de longues tuniques blanches serrées à la taille par un rouleau d’étoffe bleue, les scribes de vêtements européens, y compris la cravate. Sur les cotonnades des femmes, les couleurs les plus vives, les plus crues, et les plus heurtées, s’affrontaient avec un bonheur constant. Les enfants étaient nus.

L’accueil qui était fait à Bullit ne permettait pas de doute. Le géant roux, le maître du Parc royal était le bienvenu dans le village. Des cris et des chants de joie le saluaient. Une amitié chaude et naïve brillait sur les visages des Noirs.

Bullit me jeta un regard qui signifiait : « Vous voyez bien… malgré le kiboko… malgré mon aventure en Rhodésie. »

Il y avait dans ses yeux toutes les certitudes que m’avaient tant de fois exprimées les vieux colons et leurs fils : l’excellence naturelle des races blanches, l’infériorité des peuples-enfants qui n’estiment et n’aiment que la force. Je ne partageais pas ces conceptions. Elles avaient été valables tant que les indigènes y avaient cru. Maintenant c’était fini. Quelques hommes, encore, par leur personnalité puissante, par une sorte d’instinct supérieur, semblaient les justifier. Et c’était au fond de régions isolées, perdues, que les grands courants du monde n’avaient pas atteintes. Les jours venaient, les jours étaient venus pour de nouveaux rapports entre les hommes de couleurs différentes. Mais il était vain de perdre du temps, ce temps dont il me restait si peu, à discuter avec Bullit. Il n’écouterait rien. Il avait sa vérité (pp. 63-64)
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