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Bibliographie de Joseph Tézenas du Montcel   (1)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Quelle misère ! Je sens que je touche le fonds de la misère humaine. (…) La mort n’est rien. Maintenant que je la vois, que je la touche, que je suis à elle, elle ne me fait plus peur : c’est une amie ; c’est refuge dernier contre la souffrance ; je crois que je commence à la désirer…
La pluie tombe. L’humidité me pénètre et je suis glacé jusqu’aux os. (…)
Je sens à l’évidence combien la guerre est inexplicable humainement : il faut – de toute nécessité – que ceux qui la déclarent ne sachent pas ce que c’est, et que ceux qui la dirigent ne soient pas ceux qui la font : elle cesserait à l’instant même. (…) Il y a des épreuves qui dépassent par trop les forces humaines. (…)
Comme j’ai froid !... Palmier est immobile contre moi accablé comme moi par tant de misères. Si nous pouvions crever ! et n’avoir plus froid… Mais il ne suffit pas de vouloir crever pour crever. Nous n’avons pas encore assez souffert. La mort viendra à n’en pas douter, mais plus tard, demain peut-être, quand nous aurons épuisé toutes les minutes de cette nuit…
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Page 284 « Ce que nous demandons nous paraît peu de chose : qu’on ménage nos vies…même pas, qu’on nous donne l’impression qu’on ménage nos vies en ménageant nos nerfs. Nous savons très bien que nous sommes ici pour nous faire tuer… un peu plus tôt ou un peu plus tard, mais ceux qui se font tuer exige que l’on prenne d’eux un minimum de soins, qu’on n’abuse pas d’eux comme on le fait jusqu’ici. Ils demandent qu’on leur permette de souffler et de se reprendre, qu’on leur donne des repos plus fréquents, des cantonnements plus confortables, surtout qu’on ne les jette pas au-devant de la mort avec cette légèreté inconcevable dont on nous a donné trop d’exemples…
Nous voulons être mené par des hommes et non pas des états-majors anonymes qui sont des machines à calculer, par des hommes qui aient non seulement une volonté mais aussi un cœur capable de nous comprendre, de se pencher sur cette infanterie douloureuse pour la soulager un peu de ses misères !... »
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Page 467 « A peine sortis des jupes de notre mère, nous avons été jetés dans le gigantesque creusé de la guerre et nous sommes devenus des soudards : nous avons pris des habitudes et une mentalité de d’aventuriers vivant au jour le jour, ne pensant qu’au gîte et au manger c’est-à-dire à la vie, mais sachant la mort toujours présente n’éprouvant aucune surprise à la voir frapper sans cesse à nos côtés. La simple idée que je pourrais mourir dans un lit me paraît bouffonne : un lit qui ne serait pas un lit d’hôpital ? Tordant !
Et la définition du Bourgeois par Léon Bloy me revient : « un cochon qui voudrait mourir dans son lit » (…) et pourtant si par le plus grands des hasards nous en réchappions, il se trouvera bien plus tard des « prolétaires » qui n’auront pas quitté leur usine pendant la guerre pour nous traiter de « sales bourgeois » ! »
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Page 188 « Nous parlons ensuite des plans de l’offensive. La théorie des objectifs limités a fait son temps paraît-il. Un point de direction situé à plusieurs kilomètres à l’intérieur des lignes boches sera donné aux troupes d’attaque (…) Si souvent on nous fait espérer la rupture que nous nous gardons de tout enthousiasme anticipé ; et puis nous savons à quel prix elle sera forcément payée : « on ne fait d’omelette sans casser des œufs. » Les œufs, c’est nous. Et jusqu’ici on n’a pas réussi beaucoup d’omelettes. Mais tout de même, cette fois-ci on respire un autre air, l’air du grand large : ça n’est plus l’entêtement borné des attaques renouvelées pendant des mois sur le même point, le fameux « grignotage » de sinistre mémoire. Et nous avons toute confiance dans nos chefs : en Mangin surtout une confiance absolue. »

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Page 132 « La lune n’est plus qu’un disque aux contours encore nets mais qui n’éclairent plus. Le changement de décor paraît terminé. Il s’est achevé avec une rapidité déconcertante qui fait penser à un changement de tableau pendant une féérie. La silencieuse clarté de tout à l’heure a fait place à une obscurité vivante. Un bourdonnement de ruche s’élève maintenant des avant-postes, tandis qu’à l’arrière tout est calme : les ravitaillements de toutes sortes, en vivres, munitions, matériaux sont terminés. L’activité s’est transportée vers l’avant. Les hommes qui vivent là, comme des bêtes sauvages se cachent le jour au fond de leur tanières pour s’y reposer et dormir ; la nuit les met en chasse ou les laisse rodant, inquiets, autour de leurs repères pour les garder. »
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Page 106 « Quel spectacle que ce ravin. Tous les arbres rasés ou brisés ou déchiquetés : un cyclone effrayant est passé par là, retournant la terre à plus de deux mètres de profondeur… Un rayon de soleil vient éclairer ce chaos où notre d’hommes épuisés se traine.
Plus loin nous sortons du boyau, et c’est une impression extraordinaire d’être debout dans la campagne sans protection et sans risques… Nous sommes au « Bois de Boulogne » (…) je porte les yeux sur mes effets : ils sont couleur terre et en loques ; je suis littéralement vêtu de loques et la moitié de ma culotte pend sur mes jambes. »
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(sur les citations) « En fait je suis tellement écœuré que je vois là qu’une source d’injustices supplémentaires. Pourquoi moi et pas mes camarades ? tous mes hommes ? Pourquoi Rostaing, Palmier et pas Lafay, ni Gailland, ni Millaud ?
N’avons-nous pas tous fait la même chose ? Chacun de nous s’est efforcé « d’en tirer sa peau » et c’est tout. Comment apprécier celui qui a dû faire le plus rude effort contre lui-même ?... Seuls ceux qui sont morts ont tous les droits… et ce sont ceux sans doute qu’on oubliera… On ne peut pas les citer tous d’ailleurs, ceux-là : ils sont trop ! »
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Page 297 « Allez donc dire à des civils que la résignation a plus de grandeur que l’enthousiasme, qu’elle exige pour être pratiquée comme il se doit un effort soutenu par une volonté et un courage de tous les instants… Ils ignorent out des épreuves qui nous sont réservées : ils ne peuvent pas comprendre les efforts qu’il y a à « marcher quand même » et à garder certains jours une âme disciplinée quand la révolte se lève ! (…) ça n’est pas avec de l’éclat que nous défendons notre pays : c’est avec un travail obscur, silencieux et sans gloire. »
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