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Citation de AV


Connais-tu la vieille femme qui veille
A la porte de la mort

Elle arbore une perruque couleur de cafard
Dans sa bouche niche une dent de cheval

Fruit de la rancune
Cadeau du vent fou
Je ne sais

Elle troue sa langue de sa point acérée
Si elle mange elle renaît dans l'enfer des affamés
Prix à payer à la chance qui, elle, porte un râtelier

Inaccessible à la maladie

Esclave d'un esclave

Elle connaît le chemin du retour
Mais ne saurait s'y rendre
Car ses jambes coupées se fanent dans un vase
Et sa bouche pleine de boue
Rit le rire maniaque des fèves d'Istanbul

Elle glisse glisse d'un rêve à l'autre
Dans le sommeil granitique
De la tombe

Connais-tu l'odeur de la boue
Qui suinte entre ses dents pourries
Ces dents piliers de basalte
Érodées par des vagues de viande

Dents de la vieille femme qui veille
A la porte de la nuit

Elle couvre nos morts de sa langue sucrée
Malaxant ceux qui hier encore oui seulement hier
Parlaient haut marchaient droit
Dans la vase gluante de sa salive mortifère

Elle retient son souffle quand le vent solaire s'abat
Du haut de la montage

Dans sa bouche la boue devient poussière
Vite avalée avant la prochaine grande marée
De boue

Et l'homme dit à l'homme
Pourquoi coulez-vous si tranquille
Et l'homme répondit à l'homme
Vous coulez vite et moi lentement
Malgré cela nous nous enfonçons tous deux
Chacun dans son abysse assigné
Voilà tout
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