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Citations de Joyce Mansour (234)


Joyce Mansour
Je cherche collectionneur de rêves pour échange....
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Joyce Mansour
Le soleil dans le capricorne

Trois jours de repos
Pourquoi pas la tombe
J’étouffe sans ta bouche
L’attente déforme l’aube prochaine
Et les longues heures de l’escalier
Sentent le gaz
À plat ventre j’attends demain
Je vois luire ta peau
Dans la grande trouée de la nuit
Le balancement lent d’un beau clair de lune
Sur la mer intérieure de mon sexe
Poussière sur poussière
Marteau sur matelas
Soleil sur tambour de plomb
Toujours souriant ta main tonne l’indifférence
Cruellement vêtu incliné vers le vide
Tu dis non et le plus petit objet qu’abrite un corps de femme
Courbe l’échine
Nice artificielle
Parfum factice de l’heure sur le canapé
Pour quelles pâles girafes
Ai-je délaissé Byzance
La solitude pue
Une pierre de lune dans un cadre ovale
Encore un poignard palpitant sous la pluie
Diamants et délires du souvenir de demain
Sueurs de taffetas plages sans abri
Démence de ma chair égarée
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Joyce Mansour
La chouette bête des bois sombres
M'a appris
Que la vérité n'est plus la vérité
Sans ses voiles
Qu'il ne faut pas écouter la mélodie de la vie muette
Sans savoir l'entendre
Que la solitude modifie toutes les voix
Même celle de la haine
Que la lente douleur
Des paysans sans labeur
S'achète et se mange comme du pain
Que l'hostie souffre
Dans la féroce maladresse de l'appareil intestinal
Et surtout comment porter la fierté sur son dos
Sans avoir l'air
Bossu
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Vous ne connaissez pas mon visage de nuit
Mes yeux tels des chevaux fous d'espace
Ma bouche bariolée de sang inconnu
Ma peau
Mes doigts poteaux indicateurs perlés de plaisir
Guideront vos cils vers mes oreilles mes omoplates
Vers la campagne ouverte de la chair
Les gradins de mes côtes se resserrent à l'idée
Que votre voix pourrait remplir ma gorge
Que vos yeux pourraient sourire
Vous ne connaissez pas la pâleur de mes épaules
La nuit
Quand les flammes hallucinantes des cauchemars réclament
 le silence
Et que les murs mous de la réalité s'étreignent
Vous ne savez pas que les parfums de mes journées meurent
 sur ma langue
Quand viennent les matins aux couteaux flottants
Que seul reste mon amour hautain
Quand je m'enfonce dans la boue de la nuit
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Donnez-moi un crâne épars sur le parquet
J'en ferai une descente aux flambeaux
Dans la fosse des passions durables
Donnez-moi un château mammaire
Je plongerai tête-bêche riant au suicide
Donnez-moi un grain de poussière
J'en ferai une montagne de haine
Chancelante et grave un arcane
Pour vous enterrer
Donnez-moi une langue de haute laine
J'enseignerai aux seigneurs
Comment briser leurs dieux de craie
Leurs pénis édentés
Aux pieds du grand corbeau blanc
Pourcroâ ?
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UNE FEMME CRÉAIT LE SOLEIL…


Une femme créait le soleil
En elle
Et ses mains étaient belles
La terre plongeait sous ses pieds
L’assaillant de l’haleine fertile
Des volcans
Ses narines palpitaient ses paupières se baissaient
Empesées par le lourd limon de l’oreiller
C’est la nuit
Et l’égratignure tranquille où meurt le vide haletant
Se bat se débat s’ouvre et doucement se ferme
Sur la verge dodelinante de Noé l’explorateur
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Une nuit de silence intact, elle rêva qu'elle se trouvait au fond d'un copieux désert.

Des lions à tête humaine rôdaient aux confins de la terreur, un vent sans bras ni jambes excitait les vaguelettes de sable.

L'air était clair, la lune brillait sur les montagnes de glace et cette lumière sans ombre enflammait les couleurs..

Dans chaque coquillage,sous chaque pierre, un scorpion dardait sa queue d'azur ; des animaux caoutchoutés de spleen et de mousse traînaient leurs
ventres d'arbuste à arbuste à !a recherche d'un trou d'eau ou d'un
poisson de terre qui pourrait connaître un trou d'eau.
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La cuirasse



Quand la guerre pleuvra sur la houle et sur les plages
J’irai à sa rencontre armée de mon visage
Coiffée d’un lourd sanglot
Je m’étendrai à plat ventre
Sur l’aile d’un bombardier
Et j’attendrai
Quand le ciment brûlera sur les trottoirs
Je suivrai l’itinéraire des bombes parmi les grimaces
  de la foule
Je me collerai aux décombres
Comme une touffe de poils sur un nu
Mon œil escortera les contours allongés de la
  désolation
Des morts brasillants de soleil et de sang
Se tairont à mes côtés
Des infirmières gantées de peau
Pataugeront dans le doux liquide de la vie humaine
Et les moribonds flamberont
Comme des châteaux de paille
Les colonnades s’enliseront
Les astres bêleront
Mme les pantalons de flanelle s’engloutiront
Dans l’espace géant de la peur
Et je ricanerai dents découvertes violette d’extase
  dithyrambique
Hystérique généreuse
Quand la guerre pleuvra sur la houle et sur les plages
J’irai à sa rencontre armée de mon visage
Coiffée d’un lourd sanglot
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QUELQUES TYPES DE PYJAMAS RENCONTRÉS DANS L'ANTICHAMBRE

"Le rangeur" : Sexe mâle ou indéfini. Il se déplace par bonds. Ses griffes puissantes et non rétractiles lui permettent de ranger des meubles ou des objets, de vider des cendriers, etc. Mobile et fumigène, le rangeur est dangereux car sa manie est contagieuse. Son cri est très reconnaissable : "Fermez la porte s'il vous plaît." Souffrant de la colite ou bien de la constipation aiguë, le rangeur exerce habituellement des métiers de gardiennage (musées, librairies, banques, parkings, crèches, etc.).

"L'obèse" est un mammifère plantigrade omnivore. Ce pyjama, de sexe indifférent, est un jouisseur, un rabat-joie, un sauve-qui-peut : il creuserait des terriers dans sa propre tombe. L'obèse passe de longues heures pendu à un fil téléphonique. Facilement apprivoisé, malgré des tendances prédatrices à peine dissimulées : il dévaste les greniers, souillant les réserves alimentaires, les admirations littéraires de ses renvois hépatiques, l'obèse est toujours de bonne humeur. Il ne se sent pas coupable de souhaiter vidanger sa mère. Il dit :

"Ma tête est vide
Mon ventre est plein
Pas de douanier
Juste ma glotte."

Indésirable, il doit "prendre".
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En maillot de bain sur la plage, télescope en main, l’assassin, par un heureux hasard, repéra Marie et sauta dans une barque de location. Il approcha à grands coups de rame, les yeux globuleux de plaisir, la bouche pleine d'un clapotis animal, un lourd serpent noir pendant hors de son nombril.
Marie crut qu’il était envoyé de Dieu. "Je me noie", gargouilla-t-elle. L'assassin se jeta à l'eau et répondit avec tristesse : « Tu es mon ombre, ma lumière. A nous deux. — Je me noie », hurla Marie, son âme singulière adossée à une peur immense. Elle flottait entre deux eaux, les membres mous, résignée à une mort précoce.
"Je me noie," répéta-t-elle faiblement aux mains de l’assassin qui erraient sur son corps comme des crabes.
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Lavez vos mains avant de vous coucher, sinon vos rêves auront l'odeur de vos journées.
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Connais-tu la vieille femme qui veille
A la porte de la mort

Elle arbore une perruque couleur de cafard
Dans sa bouche niche une dent de cheval

Fruit de la rancune
Cadeau du vent fou
Je ne sais

Elle troue sa langue de sa point acérée
Si elle mange elle renaît dans l'enfer des affamés
Prix à payer à la chance qui, elle, porte un râtelier

Inaccessible à la maladie

Esclave d'un esclave

Elle connaît le chemin du retour
Mais ne saurait s'y rendre
Car ses jambes coupées se fanent dans un vase
Et sa bouche pleine de boue
Rit le rire maniaque des fèves d'Istanbul

Elle glisse glisse d'un rêve à l'autre
Dans le sommeil granitique
De la tombe

Connais-tu l'odeur de la boue
Qui suinte entre ses dents pourries
Ces dents piliers de basalte
Érodées par des vagues de viande

Dents de la vieille femme qui veille
A la porte de la nuit

Elle couvre nos morts de sa langue sucrée
Malaxant ceux qui hier encore oui seulement hier
Parlaient haut marchaient droit
Dans la vase gluante de sa salive mortifère

Elle retient son souffle quand le vent solaire s'abat
Du haut de la montage

Dans sa bouche la boue devient poussière
Vite avalée avant la prochaine grande marée
De boue

Et l'homme dit à l'homme
Pourquoi coulez-vous si tranquille
Et l'homme répondit à l'homme
Vous coulez vite et moi lentement
Malgré cela nous nous enfonçons tous deux
Chacun dans son abysse assigné
Voilà tout
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Le vent fouette mon corps mystique
La terre suce mon nez coulant
La mer lèche mes pieds plats de sorcière
Je vis dans la bouche peinte de Dieu mon père
Attendant sur la plate-forme qui surplombe l'espace
La fin du chaos ou la mort d'une fourmi
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Il plut pendant des mois. Les rivières s’en allaient gorgées de villages et de terre vers la plaine, laissant des mers d’eau douce et des lamentations ponctuées derrière elles par des poteaux télégraphiques. Au début, le maire du village disait : “C’est bon pour les canards”, en se frottant les mains avec jovialité ; ensuite il disait : “Ça s’arrêtera à Pâques.” Après, il ne disait plus rien, tout le monde avait pris l’habitude. Mais Jules César savait que c’était la fin du monde.
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Et ses yeux brillants semblaient emplis de petites vagues.
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Joyce Mansour
Raideur narcoise qui vers ma bouche
Chemine
-Souvenir imposé par le nord au sud vaincu-
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Saignée, irradiante de folie hypnotique, était nue à mes pieds. Saignée, au visage de mythe et au corps de puma, était nue sur la plage. Saignée, belle forêt de nacre, savoureuse fleur de massacre, sexe insatiable aux langues de vipère. Saignée aux seins d'écume, aux offrandes terrifiantes, aux odeurs de sauvage. Saignée qui recule a mesure que ma main avance vers tes cuisses ouvertes, sois toujours ouverte devant moi, Saignée. Nous irons habiter la maison de ma jeunesse. ton corps modèlera mon lit perméable et maculé de ton sang comme autrefois, tu cueilleras mes rêves qui tombent sur le parquet en flocons de joie et tu tremperas leurs tiges dans l'eau pour les vases de demain. Toi qui avales mon sexe sans quitter le ciel, toi qui glisses a travers murs, plaisirs, crimes; ta voix résonne dans mes veines comme une cloche de montagne, femmes aux pensées verticales, aux orifices vibrants, je porterai ton corps vers la maison de mon choix, fauchant les obstacles d'un seul regard de ton sein vengeur. Vois, la maison approche, ses neuf fenêtres ouvrent et se ferment à mesure que je respire; touche ces murs gris dotés d‘écailles trempés par la brume; pousse la porte qui ne se fermera qu‘une fois pour ne jamais plus s'ouvrir, cette porte que je frôle et blesse ainsi que ma verge l'abîme quand elle te pénètre brutalement. Saignée qui recule tandis que mon sexe avance. Saignée aux pleurs de phoques, aux mensonges creux. aux pyramides de trahisons, aux fesses mal défendues. J'ai gagné mon pain quotidien, j‘ai tué et vu mourir. Je mourrai a mon tour dans ton ventre, sur ton sein, entre les lèvres.
Je serai mort mais je t'aimerai encore. Je le chercherai dans chaque cellule de mon cadavre pourrissant, je percerai le brouillard qui obscurcit les carreaux, je mêlerai mon haleine à tes cheveux de plomb et je trouverai ton corps de belle indifférente, car rien ne peut résister a mon amour.
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Je veux dormir avec toi coude à coude
Cheveux entremêlés
Sexes noués
Avec ta bouche comme oreiller.
Je veux dormir avec toi dos à dos
Sans haleine pour nous séparer
Sans mots pour nous distraire
Sans yeux pour nous mentir
Sans vêtements.
Je veux dormir avec toi sein contre sein
Crispée et en sueur
Brillant de mille frissons
Mangée par l’inertie folle de l'extase
Ecartelée sur ton ombre
Martelée par ta langue
Pour mourir entre les dents cariés de lapin
Heureuse.
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J’ai volé l’oiseau jaune
Qui vit dans le sexe du diable
Il m’apprendra comment séduire
Les hommes, les cerfs, les anges aux ailes doubles,
Il ôtera ma soif, mes vêtements, mes illusions,
Il dormira,
Mais moi, mon sommeil court sur les toits
Murmurant, gesticulant, faisant l’amour violemment,
Avec des chats.
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L'assassin dansait sur la pointe des pieds. Sa tête tombait, tantôt à droite, tantôt à gauche, comme une fleur morte au bout de sa tige ; son corps tournait, les bras en croix, et le temps, moite de tension, semblait tourner aussi.
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