Voilà, j’ai été au bout de l’impudeur. J’arrête là l’exhibition de ma souffrance, de mon infamie. Je ne suis plus une victime. Avec ce carnet, je me reconstruis. En fait, je vous utilise. J’étale ma vie en place publique. C’est aussi une façon de me forcer à l’accepter moi-même. Il y a une fracture constante entre un être et son histoire, entre ses désirs et sa vie. Se mettre à nu peut mener aussi sûrement vers le début d’autre chose qu’à une auto-complaisance totale. Mais pourquoi publier ? S’agit-il d’exploiter, de façon mercantile, le voyeurisme des lecteurs ? Ou de me contraindre à assumer en ancrant collectivement et durablement mes propos ? Est-ce qu’on tourne des pages ?