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Citation de GaletteSaucisse


[Le père Godard, paysan dans le Velay, vient de perdre son vieux fils, mort tout seul dans son appartement à Paris.]

Jadis, on craignait moins la mort ; et ceux qui survivaient aux défunts ne les pleuraient pas de la même façon. Bien sûr, on les regrettait ; on se désolait de ne plus les voir, de ne plus les toucher. Mais c’était un chagrin net, carré, calme. Ils n’avaient emporté dans la tombe que le moins possible. L’essentiel d’eux-mêmes, ne l’avait-on pas gardé ? On connaissait leurs plus infimes manies, les menues rides de leur visage, les dernières creusées ; on savait par cœur leurs idées et leurs paroles familières, avec le ton de la voix et la forme des gestes. Leur corps disparaissait ; et aussi cette habitude qu’avaient les idées, les gestes, la voix, d’accompagner fidèlement ce corps. Mais la famille les recueillait, comme on recueille des voisins chassés de leur logis par l’inondation.
Les fils, maintenant, mouraient là-bas, après une vie d’absence ; on les connaissait à peine ; la mémoire les évoquait toujours avec leur taille et leur costume d’enfants. Ce que l’âge avait fait d’eux, on l’ignorait presque. A quoi pensaient-ils, là-bas ? « Peut-être qu’il ne croyait plus en Dieu, mon Jacques ? Peut-être qu’il a fini comme un païen ? »
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