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Citation de Erveine


Avec le courrier de France, un rêve s’empara de l’armée. Des hommes s’écartaient de leurs camarades. Des visages de femmes que l’absence embellissait se levaient en eux. Bouychou tenait une lettre qu’il faisait semblant de ne pas pouvoir déchiffrer à cause de la lumière, en vérité parce qu’il savait à peine lire et écrire, et n’osait pas l’avouer.
« Demande au sergent de te la lire, dit Passebois.
― Il ne sait pas plus que nous.
― Alors au lieutenant. »
« Dois-je la lire tout haut ou préférez-vous... demanda M. de Roailles.
― Tout haut », s’écrièrent les hommes.
On se serra autour du lieutenant qui s’approcha de la lumière. Alors on vit son visage dont le soleil commençait par ses brûlures à effacer les taches de rousseur, son nez droit, sa petite bouche aux lèvres minces, encadrée de favoris bouclés et le duvet blond de sa lèvre supérieure.
« Montségur (Ariège) le 20 juin 1830, dit le lieutenant. Le courrier va vite, ajouta-t-il d’une autre voix. Il n’a pas dix jours. Mon cher amour, reprit-il. Depuis que tu es parti, la terre n’est plus là et le ciel me manque. La vie est toute noire. Je pense à toi sans cesse et j’espère que tu es en bonne santé. Reviens vite, Marjol.
C’est un beau nom Marjol, remarqua le lieutenant.
― Ça veut dire vaurien. »
Le lieutenant fit une pause.
« Mon cœur ne bat que pour toi. Et c’est signé : Marie Alda...
― Aldabram, s’écria Bouychou.
― C’est votre femme ?
― Oui. Enfin, non. C’est pas ma femme qui me dirait des choses pareilles. C’est l’autre. »
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