Le Chien de l'Opticien
Le chien
De l'opticien
Soutient
Qu'à technicien
Il se préfère musicien
Et que sans être wagnérien
Il connaît des airs tyroliens
Brésiliens et siciliens
Mais nul ne le croit
Alors il aboie
Pour rien
Le chien.
(p. 11)
Midas le Fennec
Pour élire le roi des renards
Tous avaient quitté leur terrier
Abandonné les renardeaux
Qu’on avait couché tôt
Le vieux renard sans chance
La renarde bavarde
Qui avait eu la queue coupée
Mais tous les autres
Avaient lustré leur poil
Ébouriffé leur queue
Pourléché leurs babines
L’un ventait sa livrée argentée
L’autre les reflets
Que la lune mettait
Sur sa robe bleutée
C’était Goupil l’Ancien
Qu’on avait invité
Comme juge suprême.
Après avoir longtemps hésité
Il opta pour le candidat du Canada
Quand soudain
Le fennec petit cousin africain
Au museau fin
Prit la parole et expliqua :
« Je suis le plus petit
Et mon poil gris
N’a pas la splendeur du vôtre
Mais on me dit gracieux
Et l’homme est mon ami,
Vous êtes tout aussi beaux
Que pour Goupil
Le choix est difficile
Avec moi, pas de combat ».
Il parla tant et si bien
Que le juge décida
Que ce petit malin
Serait le meilleur roi.
Mais restait l’histoire des oreilles
Il les avait si grandes
Que tous s’esclaffèrent :
« Viva Midas
Vive le roi
Qu’on le couronne
D’un bonnet
Pour y cacher
Ses oreilles énormes ».
Humilié le fennec
Regagna le désert
Le jour, caché dans son terrier
Il n’ose plus sortir
Entendant les roseaux
Que le vent courbe et plie
Se souvenir et dire :
« Midas, le roi Midas a des oreilles d’âne ».
(p. 30)