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Citation de cecilit


Elle appartient à la première génération de jeunes filles dont les déceptions amoureuses prennent la forme d'un appareil mystérieux et désespérément muet, dont on évite de s'éloigner, dont on vérifie constamment le bon fonctionnement, qu'on regarde alternativement comme un oracle ou un ennemi, devant lequel on fait parfois, seule, folle, des incantations sauvages, qu'on hésite mille fois à décrocher quand même, pour demander un numéro retenu par coeur, tout en sachant pertinemment que NON, ce n'est pas à la fille de rappeler ; règle qu'on finit parfois par transgresser pour raccrocher aussi sec si par malheur quelqu'un répond, avec des battements de cœur furieux si c'est LUI (peut-être ? on ne connaît généralement de LUI que sa voix nocturne) ; première génération de jeunes filles à prononcer la question rituelle (chaque fois qu'on est obligée de s'absenter ou qu'on a décidé de le faire pour épargner des nerfs torturés par l'attente, résolution mêlée de superstition : c'est justement quand je ne serai pas là qu'il se décidera) : " Un coup de téléphone pour moi?" invariablement déçue d'un "Pas le moindre". J'appartiens pour ma part à la toute dernière génération de jeunes filles à avoir connu cette attente (la téléphonie moderne n'a rien changé à ça) du moins cette dépendance particulière à un poste fixe, qui entretenait mieux l'espoir (" À tous les coups, IL a essayé d'appeler quand il n'y avait personne à la maison "). Les répondeurs, les répondeurs interrogeables à distance, puis les portables ont abrégé ces longues journées d'incertitude, d'illusions tour à tour abandonnées et reconstituées.
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