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EAN : 9782818017371
600 pages
P.O.L. (03/01/2013)
3.64/5   111 notes
Résumé :
«Après la mort de mon père, j'ai trouvé en rangeant ses papiers des documents sur sa grand-mère dont j'ignorais tout et qui révélaient un secret de famille. Je ne me suis jamais intéressée aux ancêtres de personne : les gens que je ne connais pas, surtout s'ils sont morts, me sont cent fois plus étrangers, même s'ils me sont apparentés, que les personnages de romans. Mais il y avait dans ce que je découvrais sur cette arrière-grand-mère des choses qui me plaisaient,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Est-ce un signe d'attachement passéiste de la maturité qui me fait de plus en plus apprécier les quêtes d'identité familiale, ces recherches de racines parentales, de personnes et de lieux?

J'ai donc suivi avec intérêt l'enquête très personnelle de Julie Wolkenstein.
Elle est le "moi" du titre, curieuse du destin de son arrière-grand-mère Adèle, née sous le Second Empire, femme au tournant du siècle, décédée au milieu de 20ème. le "moi" qui s'interroge sur le sentiment d'imposture qu'elle a elle-même toujours ressenti dans son milieu familial.

En s'appuyant sur lettres et journaux intimes, l'auteur réinvente sa famille paternelle. Elle imagine une enfant de 1870, à qui un père médecin, veuf et libertin, donne une éducation peu conventionnelle pour leur milieu, puis une femme corsetée dans son époque mais à la personnalité lucide et affirmée. Elle en esquisse une image partielle mais possible, de grande bourgeoise fortunée, ses lieux de villegiature, sa vie d'épouse et de mère.

Un thème intéressant, très fouillé, très vivant, bien qu'alourdi parfois par une écriture alambiquée à laquelle il m'a fallu m'habituer (que de digressions en parenthèses!).
Mais la puissance narrative est remarquable, et le montage littéraire intelligent, jusque dans le twist final.
J'ai aimé l'humour, l'originalité, la liberté de ton pour s'amuser de trop de bienséance. le livre est un peu long, on imagine la difficulté de l'auteur à quitter son univers personnel. Il se dégage beaucoup de tendresse et de sensibilité dans la description de cet album de famille sur trois générations, avec joies, peines et secrets, sur fond de grande Histoire française.

Par cette reconstitution familiale entre biographie et auto fiction, Julie Wolkenstein jette un pont temporel entre elle même et une élégante de la Belle époque, avec en contrechamp une peinture caustique de la bonne bourgeoisie française, torpillant le conformisme et la "bonne éducation" des filles en dépit de l'évolution tiède des mentalités.

Une identité familiale et sociale qui vaut documentation.
Vraiment bien ce roman!
Et une mention spéciale pour le dormeur du Val d' Arthur Rimbaud, magnifiquement mis en scène dans le coeur d'Adèle.
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Cela fait quelque temps déjà que je me pose des questions sur la grand-mère que je n'ai pas connue, celle qui est morte quelques années avant ma naissance. J'ai appris un terrible secret à son propos, mais sans les détails qui l'adouciraient quelque peu. Cela rejaillit évidemment sur la jeunesse de mon père, qui n'est plus là pour éclaircir ce mystère.

Pourquoi est-ce que je vous révèle tout cela ? Parce que le livre (roman ? biographie ? ) résonne en moi fortement. Je l'ai adoré, tout simplement. Je l'ai lu quasi en apnée pendant 4 jours.
Julie Wolkenstein partage ceci avec son arrière-grand-mère : un amour inconditionnel pour la maison de vacances de St-Pair, sur la côte normande, face au Mont St-Michel.
A partir de là, et de quelques documents en sa possession, l'auteure retrace, brode, invente la vie d'Adèle, née à la fin du dix-neuvième siècle. Adèle aussi cache un terrible secret...

Tout ceci est relié au présent, à l'acte d'écrire, qu'elle opère à St-Pair, justement, et qu'elle raconte à son Jules, l'homme dont elle est amoureuse et qui s'intéresse de très près à ce qu'elle fait.

Passé et présent s'enchainent sans temps mort, avec une tendresse et une empathie infinie, mais aussi avec honnêteté intellectuelle. C'est une auteure qui se joue des codes « roman », « biographie », « autobiographie », avec facilité et décontraction totale.

Nous sommes au plus près d'Adèle, de cette petite fille, jeune fille, femme amoureuse, mère de famille nombreuse, puis grand-mère, ayant dû vivre de nombreux malheurs dès son plus jeune âge mais se relevant chaque fois avec force, colère et ténacité. Elle appelle un chat un chat, Adèle, et parle même d'un certain crocodile…hum, je n'en dis pas plus.

Les évènements politiques et sociaux, dont évidemment les 3 guerres contre les Allemands, sont évoqués, mais c'est surtout la façon de vivre de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle qui est peinte. Des bals aux séances à l'Opéra, des goûters d'enfants aux grandes réunions familiales, tout est retranscrit, tout est plein de vie.

Quitter cette famille, cette femme, est pour moi comme une sorte de déchirement : c'est là que je reconnais la marque d'une littérature de qualité, celle qui a su m'émouvoir, me tenir en retrait de ma propre réalité pour me pencher sur celle d'autres personnes, fût-elle pas si réelle que ça…

Ah, si j'étais écrivaine, je saisirais ma plume et me mettrais, moi aussi, à raconter l'histoire de ma grand-mère, que j'intitulerais : « Yvonne et moi ».
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En vidant l'appartement de son père décédé, la narratrice tombe par hasard sur quelques pages écrites par sa tante Odette qui évoque succinctement la vie de son arrière grand-mère Adèle Armand-Duval. Son père lui avait très peu parlé de cette aïeule, aussi a-t-elle envie d'en savoir plus sur cette femme d'un autre siècle avec laquelle elle se sent des affinités. Commence alors un voyage dans le temps, sur les traces d'Adèle, son enfance, son mariage, ses enfants, ses maisons, ses joies, ses peines, pour découvrir une femme indépendante, une bâtisseuse, une amoureuse, une mère, et avec elle apparaît le secret de famille qui a pesé sur sa vie. Au fil de ses découvertes, la narratrice entrevoit la possibilité que naisse un livre où elle écrirait ce qu'elle sait et laisserait son imagination remplir les vides.


Elle a connu trois guerres, s'est retrouvée orpheline très jeune, a perdu trois de ses quatre enfants, a subi la honte d'une origine suspecte, mais Adèle a tout de même eu une vie heureuse. Elle était riche, elle a fait un mariage d'amour, elle a mené sa barque à sa guise. C'est cette femme moderne et volontaire qui est le centre de ce beau roman de Julie WOLKENSTEIN. Mais c'est aussi une histoire familiale, ce qui se transmet, ce qui perdure et ce qui se perd au fil des générations, avec comme un coeur qui bat au rythme des naissances et des décès, des arrivées et des départs, la maison familiale qui domine St-Pair sur la côte normande. Lieux des paisibles étés en famille, ancrage immuable, cette bâtisse battue par les vents a vu grandir les enfants Armand-Duval. Depuis Adèle, le village de pêcheur a changé bien sûr, mais ses descendants ont reçu en héritage l'amour de ce petit coin de Normandie et ils continuent à y passer leurs étés. Si l'héritage s'est dilué au fil des successions, si la famille ne trouve plus place dans la grande bourgeoisie, St-Pair reste le lien qui unit les enfants d'aujourd'hui à leur aïeule du XIXè siècle.
Un roman long mais passionnant qui mêle faits réels et imagination créatrice pour une histoire sensible qu'on referme avec la tristesse de quitter cette Adèle qu'on a appris à connaitre et à aimer.
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Ce roman/document familial/enquête (oscillant comme les vagues sur la mer, entre l'imaginé/ le fantasmé et le concret/le factuel ) m'a bouleversée et l'écriture de Julie Wolkenstein a eu sur moi un effet hypnotique et complètement addictif. Elle nous raconte la vie d'Adèle, son arrière-grand-mère née au siècle dernier, amoureuse, puis mère, puis grand-mère. Elle nous raconte des lieux : des maisons (familiales, bourgeoises donc ou transitoires), des chambres (d'enfance, de couple, de repli ) et puis surtout la Mer, personnage central peut-être (la Manche, entre Saint-Pair et Granville). Elle nous raconte le couple, la famille (parmi celle-ci, ceux que l'on préfère, ceux qui sont partis et qui nous manquent, ceux dont on se fout et dont on se moque). Elle nous raconte l'amour, le désamour, la honte, les préjugés, le pardon, la bourgeoise bien-pensante. Elle juxtapose à cette histoire, la sienne propre, avec son amoureux du moment....Tout le monde peut se reconnaître dans ce roman, et puis, si tout n'est pas réel ou ne s'est pas exactement passé comme ça, ce n'est pas grave puisque c'est ce qu'on se raconte qui finit pas être vrai et qui reste ! .. et puis il est important de dire aussi qu'on sourit souvent à la lecture de ce roman.


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Je suis un peu embarrassée pour parler de ce livre. C'est un gros livre de 600 pages qui retrace la vie d'une femme anonyme : Adèle, née en 1860 et morte en 1941. Je l'ai lu sur une semaine, certains jours, il m'a plu, d'autres j'ai poursuivi ma lecture de manière un peu contrainte parce que j'ai eu de la sympathie pour la démarche de l'auteure.
Julie Wolkenstein découvre dans les papiers de son père un petit récit d' une douzaine de pages qui évoque la vie d'Adèle Armand-Duval, son arrière-grand-mère, qui est la grand-mère paternelle de son père. Elle découvre dans ces quelques pages deux choses qui ont un fort écho en elle 1- c'est Adèle qui a transmis à sa descendance l'amour de Saint Pair, lieu de villégiature de la famille en Normandie 2-Adèle qui découvre tardivement le « scandale »de sa naissance s'efforcera d'en effacer les traces et l'auteure explique ainsi , après-coup, le sentiment d'étrangeté ( au sens se sentir étrangère) d'Adèle dans son monde bourgeois, sentiment qu'elle-même partage et qui la pousse à s'intéresser à elle.
L'auteure est d'autant plus intriguée que son père ne parlait jamais de sa famille.
Il y a beaucoup de « blancs » dans la courte biographie d'Adèle écrite par sa petite fille Odette puisque sont essentiellement rapportés les grands évènements de sa vie avec les dates des mariages et des décès, ainsi que quelques anecdotes singulières à partir desquelles Julie Wolkenstein va construire un destin de femme tout à fait hors du commun.
Ce qui m'a le plus frappé dans cette histoire réinventée, c'est la liberté d'Adèle, qui s'explique peut-être par le fait qu'elle s'est trouvée riche orpheline à 20 ans seulement, qu'elle a eu un épanouissement amoureux et sexuel dans son mariage, qu'elle a fait construire sa maison à Saint Pair en Normandie alors qu'elle était encore très jeune mais cependant très sûre de son choix, qu'elle est toujours restée en marge des mondanités, qu'elle a vécu toute sa vie avec la jeune gouvernante bretonne engagée à la naissance de ses enfants avec laquelle elle a partagé un peu clandestinement une passion pour le cinéma.
J'ai mis un peu de temps à entrer dans l'écriture de l'auteure, une écriture avec beaucoup de parenthèses et de digressions mais un grand savoir-faire lorsqu'il s'agit de décrire la nature qui est peut-être un goût qu'elle partage ou qu'elle imagine partager avec cette femme moderne qui était son arrière-grand-mère.

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critiques presse (1)
Telerama
02 janvier 2013
Dans ce roman où, telle la marée, afflue et reflue le passé, l'auteur redonne vie à son arrière-grand-mère, l'inventant autant qu'elle la découvre. Envoûtant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Elle appartient à la première génération de jeunes filles dont les déceptions amoureuses prennent la forme d'un appareil mystérieux et désespérément muet, dont on évite de s'éloigner, dont on vérifie constamment le bon fonctionnement, qu'on regarde alternativement comme un oracle ou un ennemi, devant lequel on fait parfois, seule, folle, des incantations sauvages, qu'on hésite mille fois à décrocher quand même, pour demander un numéro retenu par coeur, tout en sachant pertinemment que NON, ce n'est pas à la fille de rappeler ; règle qu'on finit parfois par transgresser pour raccrocher aussi sec si par malheur quelqu'un répond, avec des battements de cœur furieux si c'est LUI (peut-être ? on ne connaît généralement de LUI que sa voix nocturne) ; première génération de jeunes filles à prononcer la question rituelle (chaque fois qu'on est obligée de s'absenter ou qu'on a décidé de le faire pour épargner des nerfs torturés par l'attente, résolution mêlée de superstition : c'est justement quand je ne serai pas là qu'il se décidera) : " Un coup de téléphone pour moi?" invariablement déçue d'un "Pas le moindre". J'appartiens pour ma part à la toute dernière génération de jeunes filles à avoir connu cette attente (la téléphonie moderne n'a rien changé à ça) du moins cette dépendance particulière à un poste fixe, qui entretenait mieux l'espoir (" À tous les coups, IL a essayé d'appeler quand il n'y avait personne à la maison "). Les répondeurs, les répondeurs interrogeables à distance, puis les portables ont abrégé ces longues journées d'incertitude, d'illusions tour à tour abandonnées et reconstituées.
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pourquoi ai-je le malheur de toujours anticiper le manque, gâchant systématiquement nos derniers moments ensemble, pourquoi cette hantise de ne jamais le revoir, qui me pousse à laisser traîner le plus longtemps possible les traces de sa présence, à ne pas ranger le peignoir qu'il porte ici, ni le livre qu'il y a lu?
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C’est parfaitement banal et si j’en avais parlé à qui que ce soit à l’époque, je n’aurais raconté que des banalités : les contours de sa bouche en gros plan la première fois qu’ on s’est embrassés, sa peau, tendre et dure, la caresse de sa mèche de cheveux sur mon ventre, ses doigts qui paraissaient si innocents, inoffensifs et qui savaient toujours où et comment se poser sur moi, tout ça que tu connais aussi, j’espère pour toi ? (p. 94)
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Les lecteurs assez passionnés pour ressortir de chez eux un soir de pluie et venir m'écouter me mettent mal à l'aise, j'ai l'impression d'avoir affaire à une sorte de secte dont je ne suis pas, je n'ai jamais eu envie de rencontrer les écrivains dont j'aime les livres (et qui, de toute façon, sont presque tous étrangers ou morts).
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Comme elle, il est conscient que ce genre de rencontre ne se présente pas souvent, ne se présente quelquefois jamais dans une vie. Et que, les choses étant ce qu'elles sont (les villes assiégées, les parents mortels), c'est-à-dire fragiles, mieux vaut ne pas lâcher celles qui vous rendent heureux, elles se briseront bien assez vite d'elles-mêmes.
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Videos de Julie Wolkenstein (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julie Wolkenstein
"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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