Ses paroles, ainsi qu’un long psaume tressé de lierre et de charmille, embrassaient les contours flous du passé. Constance ferma les paupières. Elle vit l’âme orangée de Dora vaciller comme une flamme de benzène et regretta de l’avoir reléguée toutes ces années au ban de son affection. Quand Betty eut terminé son épitaphe de plein ciel, Constance dit : Hallelujah ! Et toute l’assemblée reprit à l’unisson : Hallelujah, pour l’étrangère perpétuelle, la promise des pierres, Hallelujah, pour le temps assassin et l’enfance retrouvée ! L’écho de la bénédiction parvint jusqu’à Sapphira, derrière la grille. La sorcière se pencha, prit un peu de terre dans ses paumes et murmura en direction de l’oiseau noir qui surveillait les tombes : « Erzulie, Frida, accueille-la ! Erzulie Dantor, venge-la ! »