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Citation de Charybde2


Ce qu’il y a eu dans cette époque de plus authentiquement révolutionnaire n’a jamais, semble-t-il, admis à fond l’avantage qu’il y avait à mettre de son côté les forces obscures. Celles-ci ont toujours invariablement joué en faveur des réactionnaires, peu scrupuleux pour la défense d’une cause perdue d’avance, à faire flèche de tout bois. Ainsi, d’une certaine manière, peut-on dire que les élites nanties, chargées du dépôt de toute une culture, et les révolutionnaires les plus conscients se trouvèrent toujours depuis trois siècles d’accord pour parler une même langue (et de nos jours encore ce qui frappe le plus dans la cacophonie de la presse, c’est l’application que mettent révolutionnaires et réactionnaires à parler raison, comme des somnambules à marcher droit). Le grand jeu, par une espèce d’accord tacite, n’a peut-être jamais été joué. Ce qui donne à la figure de Robespierre ce rayonnement sans égal, c’est qu’il a été le seul à en comprendre la nécessité, à vouloir par un coup de barre d’une hardiesse inégalée « réécrire au bien » ce que des siècles de luttes terribles avaient écrit au mal, sans pouvoir le frapper de caducité pour autant. Robespierre a voulu que dans la Révolution qu’il rêvait, pût entrer l’homme complet, avec armes et bagages, qu’il pût s’y accroître et s’y développer dans tous les sens, dût-on même lui laisser pour hochet provisoire un dieu à qui par ailleurs les hommes de 1793 s’entendaient de la bonne manière à arracher les crocs les plus venimeux. (« Lautréamont toujours », 1947)
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