L’insondable inanité du cyberespace infini m’effraie, pascalisait Pécuchet. Bouvard soutint qu’on ne pouvait trouver meilleur espace pour donner à connaître et préserver des œuvres censurées ou supprimées par les censures. Pécuchet souligna que la censure majuscule était désormais dans le commercialisme à outrance, qui non seulement ne laisse pas naître et croître, par exemple, les romans qui assurent la rénovation et la perpétuation du genre, mais qui en plus les remplace par des succédanés à succès en les faisant passer pour littérature. Bouvard assurait qu’il n’y avait ni temps ni espace à perdre et il proposa de scanner ces romans méritoires épuisés ou oubliés ou dignes d’être republiés parce qu’exemplaires. Pécuchet refusa le scanner et préféra taper lettre à lettre les livres choisis, car il voulait prêcher par l’exemple : qui écrit lit deux fois.
Leur critère de sélection excluait en premier lieu ces romans qui racontent ce que l’on peut dire par d’autres moyens et qui étaient en réalité de mauvaises imitations imprimées du cinéma ou de la télévision. Bouvard avait parfois la main trop généreuse et il proposait de copier des œuvres dont on aurait pu se passer ; mais Pécuchet, à l’exemple de son collègue américain Bartleby, le coupait d’un « Je préférerais ne pas.
Un chapeau n'est pas un chapeau, dit le Chapelier Fou à Alice, soutenant de la main gauche sa tasse de thé fumante, ou pour le moins, pas qu'un chapeau. Observe un peu celui-ci, Tea for two, qui te va à merveille, si esthétique... Tu as perdu la tête à Paris pour un peintre bien peigné qui t'invite à son studio et te fait poser nue une éternité. Tu restes à grelotter de froid dans cet atelier ténébreux, tes dents jouent des castagnettes, là, comme une beauté nue, alors que lui continue de te peindre planté devant son chevalet, et pour te réchauffer il t'offre finalement thé et sympathie, un tripotement artistique qui t'excite terriblement et fait s'évanouir ta timidité. Ne sois pas timorée, te dit-il, te mettant comme bonnet sa propre casquette trouée qui à tes yeux ressemble à la palette qu'il n'a pas et qui te permet de constater dans le miroir fendu du fond que tu n'existes vraiment que sur la toile sur laquelle il est en train de t'envoûter.
Moby Dick :
D'abord le chapeau et ensuite l'histoire ? dit à Alice le chapelier fou, lui calant entre les sourcils une étrange mitre dentelée. Ecoute-moi bien ... Nous sommes par un après-midi d'été ensoleillé à bord du bateau-omnibus Moby Dick, qui sillonne à Wannsee les eaux de la Havel, bondé de touristes ...
Mary Poppins
Le chapeau à larges bords, avec une marguerite plantée au milieu, c'est Michael et Jane qui te l'offrirent peu après ton arrivée dans leur maison de Golders Green, au nord de Londres...
Là, étendue immobile sur le carrelage noir et blanc, alors que les dîneurs, juste embarrassés au début, continuaient et continuaient et oui nous continuions de mastiquer. L’appétit revient en mangeant… Nous crûmes, en effet, qu’elle était morte. La brune, très jeune, restait auprès d’elle. Jusqu’à ce que l’ambulance arrive. Mais auparavant vinrent de drôles d’oiseaux et damoiselles de mauvais augure, funèbres, et aussi très pâles, tous vêtus de noir, qui ne passèrent pas la porte du restaurant et paraissaient à l’affût, griffant la vitrine dans mon dos, éraflures de doigts griffus qui me donnent encore des frissons. Les démons – comme Mons les appela – et je me rappelle que nous en vînmes à débattre si le plus grand monstre c’était le démon ou Dieu. Comme le démon ne peut être Créateur, attribut divin, Dieu lui permet de posséder les artistes, ces parodies minuscules du Créateur. Qui est comme Dieu ? songe le démon qui aurait bien voulu être le plus grand des monstres. Démonstrations de Mons, théo-hérétique, devant la gisante au corps trop présent.
Si une oreille de taureau est la récompense pour une excellente prestation du torero, le peintre – qui est dans l’arène de sa toile blanche à la fois taureau et torero – se primait aussi pour sa prestation, faisant preuve au passage de son courage. Dans ce cas, lui disait Mons, Van Gogh aurait dû se couper les deux oreilles. Pour ne pas parler de la queue…