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Citation de MarianneDesroziers


On mène le monde avec un cylindre da caoutchouc qui tient dans la main ; si on tourne un peu vers la gauche,tous les arbres ne sont plus qu'un seul arbre tendu au long du chemin; et si on tourne un peu à droite, alors le géant vert se défait en centaines de peupliers qui courent à votre rencontre, les pylônes de haute tension avancent lentement un à un, la course est une cadence heureuse où pruvent enfin entrer les mots, des lambeaux d'images qui ne sont pas celles de la route, le cylindre de caoutchouc tourne à gauche, le bruit monte, et monte, la corde du bruit se tend insupportablement, mais onne pense plus, tout n'est que machine, corps collé à la machine et vent sur le visage comme un oubli, Corbeil, Arpajon, Linas, Montlhéry, les peupliers à nouveau, la guérite de l'agent, la lumière de plus en plus violette, un air frais qui remplit la bouche entrouverte, ralentir, ralentir, à ce carrefour prendre à droite, Paris à dix-huit kilomètres, Cinzano, Paris à dix-sept kilomètres. "Et je ne me suis pas tué" pense Pierre en prenant lentement la route à gauche. "C'est incroyable que je ne me sois pas tué". La fatigue pése comme un passager derrière lui, une chose de plus en plus douce et nécessaire.
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