Justin Tripier Le Franc

En attendant l'heureux moment où il pourrait travailler dans l'atelier de David et se dire l'élève du célèbre artiste, Antoine se livra aux études les plus difficiles du dessin et de la perspective, sous le minutieux et sévère professorat de son père ; mais ses études furent bientôt interrompues par une grave maladie dont il fut atteint, et que les médecins appellent variolite. Au milieu de ses souffrances et de la fièvre qui agitait son cerveau, il s'écriait : « Je ne veux pas mourir, non, je ne veux pas mourir, car, si je meurs, je ne pourrai pas entrer chez M. David, et comme je veux entrer chez M. David, dites au médecin qu'il ne faut pas que je meure. » La nature et le médecin entendirent le vœu si net et si bien formulé du jeune malade ; ils rendirent Gros à la santé et à ses chères espérances.

Enfin, voulant parfaire, le mieux possible, notre ouvrage, nous avons réclamé la bienveillance de toutes les personnes que nous savions ou que nous croyions posséder, soit des actes de l'état civil concernant le baron Gros, soit de ses tableaux ou de ses dessins, soit des lettres écrites par lui ou à lui, soit des indications sur sa famille ou sur quelques circonstances de sa vie privée et artistique, soit sur ses deux testaments, soit sur sa mort et ses deux actes mortuaires.

Il y a plusieurs années, en cherchant dans des papiers historiques un autographe dont nous avions besoin, nous avons retrouvé la copie du procès-verbal constatant le repêchage du corps du baron- Gros, que nous avions faite sur l'original le lendemain même de la mort, de cet illustre peintre, et que depuis ce temps nous croyions à jamais perdue.