Le jour du test est arrivé, et ça faisait déjà un moment que je le savais : je n’avais pas de super-pouvoir.
Lénard, mon père, d’ordinaire si pressé le matin, m’avait préparé un petit déjeuner gargantuesque : jus d’orange maison, pain grillé assorti d’un large choix de confitures, fruits, céréales, muffins, croissants. Pris en otage par cet excès d’attentions, je n’ai pas osé avouer qu’aujourd’hui, justement, j’aurais trouvé à la meilleure tartine du monde autant de saveur qu’une tranche de pneu.
– Eh bien, papa, il y a de quoi nourrir toute ma classe…
Mon père a souri modestement, prenant cette observation pour un compliment admiratif, et a lancé un coup d’œil complice vers ma mère. Elle terminait un café en hâte devant l’évier, et a répondu d’un regard assez éloquent. J’étais suffisamment anxieux, inutile d’en rajouter !