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Citation de LaBiblidOnee


Ma grand-tante, sa voisine, avait un jardin vivrier sous la vigne ombrageant sa cour, ainsi que des poulets et des chèvres dans sa grange. Ah, le frisson matinal de dénicher des oeufs bien cachés, l'odeur de la grange et des roses ! Chez elle, il y avait une pièce où l'on stockait et transformait la nourriture. Des bocaux de yaourt fermentaient pendant la nuit, emballés dans du papier journal, du fromage frais s'égouttait dans des torchons, des cagettes de pomme reposaient en prévision de l'hiver, du sirop de sureau pétillait en bouteille, et des rayons de miel dégoulinaient sur des plateaux. Elle était toujours affairée près d'une casserole bouillonnante ou d'un plan de travail où elle étalait la pâte, montait la mayonnaise avec des oeufs chauds et épluchait des légumes encore terreux pour les rôtir au four. Nous la regardions, subjugués, métamorphoser les machins peu ragoutants arrachés au sol en autre chose, telle une laborantine. Et les mixtures devaient sans cesse être goûtées, bien sûr. Puis venait la préparation des conserves, en début d'automne, un rite saisonnier lors duquel elle trônait, majestueuse, sur une chaise grinçante près d'un chaudron, à faire bouillir les bocaux pleins de bonnes choses avant de les fermer hermétiquement. Elle était comptable en semaine, gardienne des trésors de la terre le week-end. Nourrir était son talent, et bien qu'elle n'ait pas eu d'enfants, elle était une vraie mère pour nous tous.
Ainsi naquit mon enchantement pour la terre comestible.
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