On découvre enfin le premier ouvrage publié par Karl-Heinz Ott. Le deuxième, "Enfin le silence", ayant déjà été publié chez Phebus deux ans auparavant.
Le narrateur du livre raconte la mort de sa mère et leurs relations particulières : la mère, âgée de quarante ans à la naissance de son fils unique, était en effet célibataire et fut de ce fait écartée par la société souabe corsetée par le catholicisme à cette époque.
Il faut ici parler de rapports d'amour et de haine. Plus de haine vers la fin de la vie à vrai dire.
L'auteur fait de nombreux retours en arrière dans son récit et nous présente la société villageoise de l'époque.
Attention, il émane de cet ouvrage une grande tristesse très bien retransmise par l'auteur et son traducteur en français.
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Le narrateur, qui reste innomé, est professeur de philosophie à Bâle, spécialiste de Spinoza, "Heureux homme qui avez trouvé avec votre polisseur de verre une tâche pour votre vie entière!". Il consacre sa réflexion à la liberté et au libre arbitre.
Mais la vie réelle, c'est autre chose que la pensée philosophique : indécis et procrastineur, ne voulant ni heurter ni blesser, il n'est pas homme à dire non cruellement et se laisse envahir par un inconnu, une soiré d'abord, puis des semaines quand ce coucou s’installe dans sa vie, dans son appartement, dans son lit...C'est un engrenage mortifère aussi improbable qu'infernal, mais on sait bien que la vie est improbable (et parfois infernale). Jusqu'à ce que Spinoza se remette à parler en lui (en effet wikipedia nous explique que selon Spinoza L'homme libre n'a donc aucun concept du bien et du mal )
Cela peut se lire au premier degré comme une thriller psychologique, un huis clos palpitant très habilement mené, guidé par la seule emprise d'un homme sur un autre ; jusqu'où va -t'il aller? Karl-Heinz Ott pousse le bouchon juste à le limité de l'admissible : c'est parfaitement plausible mais quand même ahurissant, ce philosophe érudit qui n'est qu'une chiffe molle à qui on a envie de botter les fesses. On sent la jouissance de l'auteur à toujours frôler l'excessif dans un crescendo maléfique.
Mais bien évidemment, Karl-Heinz Ott ne se place pas sous l'égide de Spinoza pour rien. Derrière la narration pragmatique; il y a un roman philosophique, un anti-Bartleby (ce héros melvillien qui dit non à tout alors que le héros (ou anti-héros) ici ne dit non à rien...) une réflexion, finalement glaçante, sur l’équilibre du pouvoir.
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