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Citation de mamansand72


Et puis, le père de Julie avait soupiré, son regard était revenu dans la salle, l’avait balayée et il avait intercepté l’expression perplexe de Stella. L’homme en colère avait considéré la petite fille blonde et frémissante en face de lui et lui avait souri d’un sourire triste et las qui disait je sais, je sais tout, ma pauvre petite, je sais les coups, je sais les pleurs, je sais la cruauté ordinaire, j’enrage car je ne peux rien faire, mais l’amour, ce n’est pas écraser, tu m’entends, ne te laisse jamais écraser.
C’est ce qu’elle avait lu dans les yeux de cet homme taciturne et carré, aux mains puissantes, aux ongles noirs, en bleu délavé. Il y avait comme une adjuration dans son regard et elle avait dit oui avec les yeux, oui, je vous promets qu’il ne me fera pas de mal à moi, je me défendrai.
Il lui avait souri. Vraiment. Comme à une grande. Elle s’était sentie responsable de ce sourire. Elle ne devrait jamais tromper l’espoir qu’il mettait en elle.
Monsieur Courtois lui faisait confiance.
C’était la première fois qu’une grande personne se mettait de son côté. La première fois qu’ une grande personne lui disait tu as raison, l’amour, ce n’est pas baiser la bouche de sa femme en public et l’assommer de coups la nuit. Chacun a sa manière d’aimer, il n’y a pas de définition, mais ce n’est pas ce spectacle révoltant. Tu es dans le juste Stella, disaient ses yeux. Prends garde à toi, je t’en prie.
Ils avaient dit tout ça, les yeux de monsieur Courtois. Elle avait douze ans et elle n’a jamais oublié.
Encore aujourd’hui, à trente-quatre ans, elle lit sur un papier ces simples mots, « la ferme des peupliers », et tout le film de son enfance se déroule.
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