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Citations de Kiko Herrero (12)


Kiko Herrero
« Une heure et demie et tout est serein ! » L’heure est la sérénité de la rue. L’homme horloge, l’homme baromètre, l’homme alarme. Leur présence devrait rassurer, mais au temps de Franco elle devient une menace. C’est un œil qui voit tout, qui sait tout, qui connaît les horaires et les mœurs de chaque habitant. Il signale tout mouvement suspect, tout événement anormal. Les rues de Madrid sont lugubres et mal éclairées. Après vingt-deux heures, les concierges ferment les portes et les Serenos prennent le relais. C’est un réseau de surveillance simple mais efficace.
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Mon père donne un nom à chaque sentier, chaque montagne, chaque arbre. Il raconte des légendes ancestrales teintées de fatalisme et d’absurdité. Il récite des poèmes, invente des chansons. Il a l’art de l’hyperbole et de la disproportion, ses histoires au goût aigre-doux nous plongent dans un sentiment d’incertitude, un sentiment du tragique, celui de l’illusion de la vie.
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La technique de l'accordéon. Inspirer...expirer...inspirer...en modulant des sons, des paroles conjuguées à d'autres paroles pour former un seul flux qui ne s'arrête jamais. Et les oui prononcés en avalant l'air? Ah, les oui inversés des françaises ! Je m'entraîne à les imiter sans y parvenir. Les vieilles françaises savent aussi utiliser les gaz de leurs rots pour les transformer en paroles. Rien ne se perd. Pas de silence, pas de pause. Elles parlent comme celui qui marche, sans y penser : un mot donne l'impulsion au suivant qui se pose et impulse le suivant qui impulse celui qui suit. Leurs cordes vocales sont connectées à leur cerveau, sans filtres, sans entraves.
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Je me rappelle les nonnes belges qui avaient fermé les portes de leur couvent à des dizaines de Tutsis persécutés par les Hutus. Sales nonnes, sadiques prosélytes, la seule révélation que vous pouvez offrir aux Africains est celle de votre aigreur. Toute la haine que votre religion porte à la femme se distille en venin par chacun de vos pores. La religion catholique triomphe par la souffrance : mères vierges, cannibalisme, corps transpercés, massacres d’innocents. On torture la chair, on célèbre le sang, et la joie ne survient que dans la douleur.
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Je connais par cœur ses neuf étages et ses interminables sous-sols où des malades, les uns derrière les autres, gisent à moitié oubliés sur des brancards. Rayons X, scanner, analyses… Ils font la queue depuis si longtemps que les infirmiers les ont oubliés. Les malades eux-mêmes ont oublié la raison de leur attente. Très peu s’en plaignent. Ils patientent. Ils se parlent. Ils partagent leurs expériences et l’historique de leurs pathologies. Leurs familles les cherchent d’étage en étage, de chambre en chambre. Dans les couloirs on croise des groupes endimanchés, un bouquet de fleurs à la main, à la recherche d’un numéro de chambre, d’un étage, d’une section.
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C’était le monde à l’envers : à Pampelune, la vue d’un simple drapeau rouge et jaune, symbole de la domination et du centralisme castillan, aurait provoqué une émeute, et à Dax, à une centaine de kilomètres de la frontière, on le célébrait comme emblème de fête et de liberté.
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Sanglé à mon lit, drogué par la fièvre et les tranquillisants, ma vie défile en désordre dans un délire proche du songe et se reconstitue dans un film jauni par le temps. Ou plutôt dans un diaporama, haché, incongru. Je peine à rétablir les raccords. Pourtant je croyais avoir enterré mes souvenirs. Je n’ai jamais gardé ni photos, ni lettres, ni fétiches. Mais maintenant que mon histoire arrive à échéance, elle resurgit de sous la terre. L’histoire d’un départ, d’une errance, d’un exil volontaire, des multiples stratégies de survie d’un jeune homme de vingt-cinq ans. Parcourir l’Europe au hasard, sans but. M’installer en France, à Paris, sans l’avoir vraiment décidé. Dix années après la mort de Franco, le souffle de mes vagabondages m’avait conduit jusqu’au pied des Pyrénées, cette barrière granitique qui, au nord, sépare ma terre natale de l’ailleurs. Rêve ou souvenir. Songe ou fiction. Mensonge. Illusion. Délire de fièvre.
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Une orange c’est différent. Je préfère avoir une orange qu’une patate. Je préfère avoir une orange à l’intérieur que des patates sur le visage. L’orange est mon fruit préféré. L’orange de mon enfance. L’orange de Valence ou d’Andalousie. Et maintenant cette orange grignote mes organes internes.
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Rentrer est plus aisé que partir, c’est une loi.
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